Saint Joseph, protecteur des missions
Missions en Huronie :
En juillet 1634, saint Jean de Brébeuf fut envoyé par le Père Le Jeune près du lac Huron, dans l’Ontario actuel, pour y implanter une mission. Il devint supérieur de la mission Saint-Joseph I, près de Toanché, un village où il passa trois ans, de 1626 à 1629. Après une période plutôt satisfaisante d’évangélisation, il se heurta à une résistance obstinée et croissante de la part des Hurons autour de 1637. Selon Brébeuf, trois facteurs expliquaient ce refus : leur attachement à leurs coutumes, leur immoralité et les épidémies. Effectivement, avec le contact prolongé entre Amérindiens et Européens, plusieurs maladies du Vieux Continent décimèrent une partie de la population autochtone.
En 1638, saint Jean de Brébeuf fonda une nouvelle mission, Saint-Joseph II, à Téanaostaiaé. Après une nouvelle épidémie de petite vérole, la rage des Hurons fut encore plus intense, et toutes sortes de violences (verbales et physiques) furent commises. Plusieurs convertis renièrent leur nouvelle foi. Au printemps 1640, le mécontentement se transforma en soulèvement et les Jésuites furent attaqués : Pierre Boucher fut blessé au bras, tandis que Brébeuf et Chaumonot furent battus. Au mois de mai, l’agitation des Hurons poussa Lalemant à retourner à Québec.
À l’automne de la même année, les missionnaires décidèrent d’aller ouvrir deux nouvelles missions : une chez les Algonquins et une autre chez une tribu que l’on appelait les Neutres. Les Pères de Brébeuf et Chaumonot partirent vers le nord du lac Érié afin de tenter de convertir les Neutres. Les missionnaires furent précédés par des Hurons qui firent circuler des rumeurs au sujet des Robes noires. La région traversée fut très hostile et partout où ils allaient, on les repoussait et on les injuriait. Ce fut cinq mois infructueux. Au printemps 1641, au retour de la mission, Jean de Brébeuf se fractura la clavicule gauche en traversant un lac gelé. Il fut alors renvoyé à Québec.
Attaques iroquoises :
De Québec, Brébeuf devait organiser les expéditions subvenant aux besoins des missionnaires (papier, livres, objets de culte, nourriture, etc.). En 1642 et 1643, les convois qu’il envoya vers la Huronie furent détournés trois fois par des Iroquois. Le conflit Iroquois/Hurons s’envenimait à tel point qu’il devenait de plus en plus risqué de faire le voyage Québec-Huronie. D’ailleurs, vers 1647, les Hurons ne descendaient plus vers Québec. À cette époque, les Hollandais armaient les Iroquois avec des fusils, et ceux-ci harcelaient les Français et leurs alliés pour qu’ils renoncent à la colonie.
Le 16 mars 1649, plus de 1 000 Iroquois attaquèrent le village de Saint-Ignace (Taenhatentaron), puis celui de Saint-Louis, où se trouvaient Brébeuf et Lalemant. On leur donna l’option de s’enfuir, mais ils préférèrent rester et subir le sort de leurs fidèles. Ils furent capturés et ramenés à Saint-Ignace. Là-bas, ils furent accueillis par des roches et des insultes. Le détail du supplice du père Jean de Brébeuf nous a été rapporté par Christophe Regnault, qui observa et toucha les restes du religieux. Restait le Fort Sainte-Marie, dernier rempart des Français et des Hurons. Il allait subir, le 18 mars, l’assaut des Iroquois victorieux.
De fortes inquiétudes à Québec et dans les autres missions :
La chute des missions en Huronie souleva de fortes inquiétudes à Québec et dans les autres missions. Il ne restait plus qu’à se tourner vers le Ciel et à implorer le secours de Dieu et de ses saints. « Nous redoublons de dévotions », écrivait le Père Ragueneau, « notre secours ne pouvant venir que du Ciel. Nous, voyant que la fête du glorieux saint Joseph, patron de ce pays, approchait, nous nous sentîmes obligés d’avoir recours à un Protecteur si puissant. Nous fîmes vœu de dire, chaque mois, une messe en son honneur pendant un an entier pour ceux qui seraient prêtres ; et tous ceux qui étaient ici y joignirent par vœu diverses pénitences. »
« Tout le jour se passa dans un profond silence de part et d’autre, le pays étant dans l’effroi et dans l’attente de quelque nouveau malheur. »
« Le dix-neuvième, jour du grand saint Joseph, une épouvante subite se jeta dans le camp ennemi, les uns se retirant avec désordre, les autres ne songeant qu’à la fuite. Leurs capitaines furent contraints d’obéir à la terreur qui les avait saisis ; ils précipitèrent leur retraite. »

Suite au départ du fort Sainte-Marie, l’année suivante, on alla se réfugier dans l’île de Saint-Joseph et y fonder la mission qui portera aussi le nom de Saint-Joseph.
Sources:
www.tradition-quebec.ca/search/label/Histoire%20du%20Canada
www.pc.gc.ca/fr/lhn-nhs/qc/cartierbrebeuf/culture/Histoire-history/evenement-event/brebeuf/Huronie