Vénérable Didace Pelletier

 
 

Claude Pelletier est né le 28 juin 1657 à Sainte-Anne-de-Beaupré près de Québec. Il est le fils de Georges Pelletier (lui-même baptisé en 1624 à Dieppe, il arriva en Nouvelle-France en 1652 et épousa Catherine Vannier, en 1656, et qui est celle qui deviendrait la mère de Claude.

Confirmé en 1666 par Mgr de Laval, Claude Pelletier entrait, en 1668, à l’école d’arts et métiers de Saint-Joachim, fondée la même année par l’évêque, et il y fit son apprentissage de charpentier jusqu’à la maîtrise. Il travailla d’abord à la construction de la deuxième église de Sainte-Anne de Beaupré, commencée en 1676. Il est fort probable que son penchant à la vie religieuse s’en trouva accru, l’église était déjà un lieu de pèlerinage très fréquenté. Une petite chapelle de marins y avait été élevée en 1658, et l’on parlait des miracles qui s’y faisaient. L’érection de la première église avait commencé en 1660 et la mère Marie de l’Incarnation écrivait en 1665 : « À sept lieues d’ici il y a un bourg appelé le Petit-Cap, où il y a une église de Sainte-Anne, dans laquelle Notre-Seigneur fait de grandes merveilles en faveur de cette sainte Mère de la très-sainte Vierge. On y voit marcher les paralytiques, les aveugles recevoir la vue, et les malades de quelque maladie que ce soit, recevoir la santé. » L’église, plus spacieuse, qui remplaça celle de 1660, était en pierre. On a coutume d’en attribuer le plan au curé François Fillon (1629–1679), mais il est probable que Mgr de Laval et Claude Baillif en furent les inspirateurs. Quant à Pelletier, il dut s’occuper du toit, du clocher et d’autres travaux de charpente.

Deux ans plus tard (1678), Claude, le charpentier, demandait à entrer chez les Récollets. Admis en 1679, il prit, en 1680, le nom de frère Didace. À partir de 1682, il accompagna pendant six années le père Joseph Denys, également Canadien, mais qui avait reçu sa formation et avait été ordonné prêtre en France, dans les diverses missions fort distantes les unes des autres, que les Récollets avaient établies à l’île Bonaventure près de Percé, à Plaisance (Placentia, T.-N.), puis à Ville-Marie (Montréal), enfin à Trois-Rivières. Il mourut en cette dernière ville le 21 février 1699 d’un refroidissement contracté pendant qu’il y travaillait à l’église des Récollets. Il fut inhumé à Trois-Rivières, dans la crypte de la chapelle du couvent des Récollets, rue Notre-Dame. Lors de la conquête du Canada par les Anglais, la chapelle des Récollets fut convertie en église anglicane et reçut le nom de Saint James. 

Connaissant depuis longtemps son genre de vie et ayant assisté à sa mort édifiante, le père Denys était convaincu de la sainteté du frère lai, et grâce à l’aide de Mgr de Saint-Vallier, on commença son procès de béatification. On trouve aux Archives du séminaire de Québec une copie, faite entre les années 1720 à 1744, du récit du père Denys des quelque 22 miracles accomplis en vénération des reliques du frère Didace, et d’autres lettres qui se rapportent à lui. Cependant le procès ne fut pas poursuivi alors, et le frère Didace était complètement oublié quand on découvrit, à la fin du xixe siècle, des gravures contemporaines, intitulées : « Le Vray Portrait du Très Religieux Frère Didace, mort en odeur de Sainteté… 21 Fév 1699 », dont l’une à Québec et l’autre, à la Bibliothèque nationale de Paris. On a alors recommencé à s’intéresser à sa cause. De son œuvre de charpentier, il ne reste rien, pas plus dans les documents que dans les édifices existant aujourd’hui.