La statue miraculeuse de Marie à l’église Sacré-Coeur à Ottawa
Incendie de l’église Sacré-Coeur à Ottawa:
Une nuit froide de novembre 1978, mon frère regarda par la fenêtre de notre vieil appartement délabré de l’avenue Henderson (dans le quartier étudiant de l’Université d’Ottawa) et vit une lueur orange se refléter, rangée après rangée, dans toutes les fenêtres de l’école en face. Quelque part à l’ouest, le ciel était en feu. Bientôt, un immense panache de fumée déversa des cendres grosses comme des prunes sur les pelouses, les toits et les voitures.
À quelques rues de là, sur l’avenue Laurier Est, l’Église du Sacré-Cœur était en train d’être détruite. C’était un magnifique édifice de pierre, un monument du quartier Sandy Hill, avec un clocher central flanqué de deux flèches plus petites, et un intérieur typiquement catholique, orné d’immenses tableaux d’anges, de représentations du Christ s’élevant vers le ciel et de légions de statues. Point de repère francophone depuis 1889, elle disparut presque entièrement en trois heures.
Dans une grande ville, il y a des incendies presque tous les jours. Mais pas comme celui-là. Les flammes et la lumière orange étaient visibles depuis Aylmer. L’article du Citizen daté du 24 novembre mentionnait que 1 000 personnes s’étaient rassemblées pour regarder, certaines en larmes, tandis que les flammes s’élevaient à plus de vingt étages.
Parmi les témoins se trouvait Marie-Andrée Parent, aujourd’hui âgée de 72 ans, paroissienne alors et toujours. Sortant de la messe de midi cette semaine, elle se souvenait qu’à l’époque elle habitait plus à l’est sur Laurier, quand un voisin lui annonça qu’un grand incendie faisait rage plus bas dans la rue.
Elle se tenait près de l’église St. Joseph (de l’autre côté de la rue) et regarda l’enfer. « J’ai vu le clocher tomber. C’était horrible. Ça m’a brisé le cœur. C’était terrible. »
Tout cela lui revint en mémoire, bien sûr, à l’annonce du terrible incendie de Notre-Dame de Paris, vu dans le monde entier.
(Un pompier vétéran m’a dit que les incendies dans les vieilles églises sont notoirement difficiles à combattre, car les fermes de toit desséchées sont comme du petit bois tressé, et les vastes intérieurs — le Sacré-Cœur pouvait contenir 800 fidèles — fournissent une abondance d’oxygène, sans parler des grandes hauteurs inaccessibles à l’eau.)
Noëlla Roy, 77 ans, avait assisté à la messe ce jour-là en 1978. Comme c’était un jour de semaine, la messe de 17 h 30 se tenait au sous-sol, qui avait ses propres bancs, sacristie et ornements. Elle se souvient avoir vu un prêtre et un gardien inspecter les allées le long des murs extérieurs.
Le curé, le Révérend Guy Levac, se trouvait ce soir-là à la résidence des Oblats, rue Nelson, lorsqu’un prêtre assistant arriva pour lui dire qu’il y avait un feu à l’église. Aujourd’hui âgé de 86 ans et à la retraite près de Montréal, il raconta cette semaine qu’il était entré par la porte latérale pour voir des flammes au plafond au-dessus de l’autel.
Lui et un autre prêtre saisirent ce qu’ils purent — des vêtements liturgiques et d’autres objets de la sacristie — tandis que les pompiers arrivaient sur les lieux. Quand ceux-ci ouvrirent les portes, dit le Révérend Levac, le feu se propageait déjà violemment entre le plafond et le toit de l’église. À peine eurent-ils mis certains objets en sécurité au sous-sol qu’ils furent sommés d’évacuer.
« Les paroissiens ont été très touchés par cela. Certains pleuraient. Certains avaient été baptisés dans cette église, y avaient fait leur première communion, voire s’y étaient mariés. C’était une belle église. »
Le lendemain, alors qu’il ne restait qu’une carcasse de pierre noircie, une découverte presque miraculeuse fut faite. Au sous-sol, on retrouva une statue de la Vierge Marie — appelée ici Notre-Dame-du-Cap — non seulement intacte, mais avec trois cierges encore allumés à ses pieds. On y vit un signe. Lorsque la version moderne et reconstruite ouvrit en 1981, cette même statue se trouvait dans la nef principale, élevée sur un piédestal, la Mère de Dieu regardant la congrégation les bras ouverts.
« Marie voulait sa place, » dit un clerc.
Ils sauvèrent aussi la cloche de 800 kilogrammes — intégrée au nouveau design — et la porte partiellement fondue du tabernacle, exposée dans le hall.
Dans les jours qui suivirent l’incendie, les paroissiens s’installèrent temporairement de l’autre côté de la rue. Le dimanche suivant, le Révérend Levac déclara à un journaliste que ce n’était pas le moment de s’apitoyer et qu’il essayait d’adopter une « interprétation religieuse » de la calamité.
« Notre temple matériel est détruit, mais la communauté continuera. Chaque membre de l’Église est un temple de Dieu lui-même. »
Et bien sûr, la congrégation continua. L’église fut reconstruite en forme hexagonale et s’intégra si bien à l’université que celle-ci utilise deux salles comme salles de classe, tandis que l’avant de l’église comprend à la fois un espace de prière calme (ouvert 12 heures par jour) et un salon étudiant avec service de consultation.
Le Révérend Levac, quant à lui, ne pouvait penser qu’au Sacré-Cœur et à cette nuit redoutée lorsqu’il vit les images de Notre-Dame, qui, inévitablement, sera reconstruite.
« Dieu nous laisse la responsabilité de prendre soin, du mieux que nous pouvons, des choses que nous possédons, des choses que nous avons créées. »
Sources:
www.ottawacitizen.com/news/local-news/the-little-miracles-born-when-churches-burn-to-the-ground