Le vénérable Père Marie-Clément Staub

 
 

Naissance et enfance :

Joseph naît le 2 juillet 1876 à Kaysersberg, petite ville d’Alsace-Lorraine, alors sous la domination allemande, fils de Clément Staub et de Marguerite Hertig. La famille compte ainsi quatre enfants. Il est baptisé le 9 juillet suivant à l’antique église paroissiale Sainte-Croix.

Joseph fut un très bon écolier, appliqué, studieux et sage en classe ; toutefois, on remarque aussi que c’est un boute-en-train en dehors de l’école et il se révèle déjà un meneur.

Pouvant à peine porter le missel, il devint enfant de chœur.

Le 23 mars 1890, Joseph fait sa première communion. Il a alors presque 14 ans. Assidu aux enseignements, pieux, il y arrive bien préparé : un petit saint dira de lui plus tard le curé de la paroisse. C’est lui qui, au nom de ses camarades, lit la consécration à la Très Sainte Vierge. Cet événement est une sorte de tournant décisif dans sa vie.

Jeunesse et vocation :

« Le désir de devenir prêtre, que le Bon Dieu a mis dans mon cœur, domine en moi depuis ma plus tendre enfance », dira-t-il. C’est lors d’un pèlerinage au sanctuaire de Notre-Dame-des-Trois-Épis, à deux heures et demie de marche de Kaysersberg, avec sa mère et une amie de celle-ci, qu’il reçoit la confirmation de sa vocation.

À la suggestion du curé de la paroisse, l’abbé Gerber, il quitte Kaysersberg pour l’Alumnat de Mauville (Les Alumnats sont des institutions dirigées par les Assomptionnistes et destinés aux enfants de famille moins fortunée qui se dirige vers la prêtrise), où il arrive mardi le 4 novembre 1890. Sur les premières pages de son journal, il écrit : « Je suis venu à l’Alumnat pour me sanctifier, pour aimer Jésus et Marie ».

Au cours des dernières années passées à l’Alumnat, sa vocation se précise. De plus en plus la pensée du sacerdoce le séduit provoquant l’émerveillement : « La première et la plus importante des grâces que Dieu m’a données, c’est ma vocation sacerdotale! »

Fin juillet 1896, il termine son temps à l’Alumnat où il avait été pour ses camarades un modèle de douceur et de charité, de telle sorte que tous l’appelaient « le bon Joseph ».

Noviciat et profession :

Le 27 août 1896, Joseph part pour la Maison du Noviciat à Livry, non loin de Paris. Il reçoit l’habit religieux le 6 septembre en même temps que son nom de religion : Marie-Clément, nom de son père et de son grand-père doublé du nom de Marie pour son plus grand bonheur. Fidèle à lui-même, son plan de vie : Sérieux quand il le faut, mais joyeux aussi quand il le faut ! C’est un grand point dans la vie d’un religieux de vivre recueilli.

Le 6 septembre 1898, il prononce ses vœux perpétuels : être profès, se consacrer totalement et définitivement à Jésus-Christ par sa Mère la Très Sainte Vierge Marie.

Doctorats :

Il étudie d’abord à Rome (1898-1900), puis à Louvain en Belgique (1900-1902) et de nouveau à Rome (1902-1904). Ses études sont couronnées de grands succès et il est promu docteur en philosophie (27 juin 1903) et Docteur en Théologie (21 juin 1904). Un jour, il écrivit : « Que mes études soient un foyer ardent où mon âme s’embrase, où elle puise pour donner à pleines mains plus tard. J’aime beaucoup la vérité, j’y trouve mes délices parce que j’y trouve Dieu et les sûrs moyens de Le faire trouver aux âmes ! »

Avant l’appel du Frère Marie-Clément au sous-diaconat, son supérieur écrit dans son rapport : « Nous sommes en présence d’un religieux tout appliqué à vivre pleinement sa vocation et dont la formation s’achève pleine de promesses pour son avenir apostolique ».

Le 28 mars 1903, il est ordonné sous-diacre en la Basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome, et puis diacre le 14 février 1904 en la chapelle Saint-Apollinaire à Rome.

Chaque étape qui le rapproche de l’ordination presbytérale le comble de joie et de bonheur et est un appel pressant à se donner encore plus pleinement au service de ses frères et sœurs dans l’Église de Jésus-Christ.

Ordination sacerdotale :

Le Frère Marie-Clément fut ordonné prêtre le 19 mars 1904, en la fête de saint Joseph, le saint patron de son baptême, à la Basilique Saint-Jean-de-Latran à Rome. Il écrivit la veille : « Demain, c’est demain que je serai prêtre!… Cette voix m’éveille la nuit et résonne sans cesse dans mon âme comme une mélodie des Cieux ». Et le jour même, il note : « C’est fait, me voilà prêtre pour l’Éternité et toujours je me donnerai avec joie ! »

Il célèbre sa première messe le lendemain 20 mars, aux catacombes de Saint-Calixte à Rome, dans la chapelle de Sainte-Cécile. Il écrira quelques 10 ans plus tard en pensant à son ordination sacerdotale et aux promesses faites à Dieu et à son Supérieur général : « Je veux être un saint prêtre, un travailleur inlassable au service de Dieu et de la cause de l’Église, un fils généreux de notre Assomption suivant tous ses moyens ».

Jusqu’à sa mort il célèbrera avec grande ferveur l’anniversaire de son ordination : « Travaillerai-je jamais assez dans ma vie pour dire un digne merci à Dieu et à ma Congrégation pour ces jours de grâces? »

Apôtre :

L’apostolat rêvé par le Frère Marie-Clément et exprimé dès avant son ordination : La prédication dans les maisons religieuses, les confessions, les retraites où le prêtre apôtre peut orienter une vie et aider à l’avancement des âmes vers la sainteté.

Ses supérieurs en tiennent compte et il est nommé d’abord assistant au Noviciat à Louvain, et ensuite Responsable au Noviciat des Frères à Gempe, en Belgique. En 1908, il commença un ministère de prédication en Angleterre, de 1908 à 1909.

Entre temps, il rencontra Madame Royer, qui était dépositaire de l’Association de Prière et de Pénitence en l’honneur du Sacré-Cœur. Cette rencontre donna un essor à son ministère. Avec la bénédiction de son Supérieur général, il y consacra ses plus belles et riches années de prédication.

Le 21 décembre 1909, le Père Marie-Clément débarqua à New-York, aux États-Unis, avec des désirs immenses de faire quelque chose pour le Divin Cœur. Sa parole chaude et convaincante fit des merveilles dans les paroisses et partout où l’Apôtre fut invité à prêcher des retraites et les conversions se multiplièrent. « On dirait que le Père a vu le Sacré-Cœur! », disait-on.

Fondation des Sœurs de Sainte-Jeanne d’Arc :

Les sujets préférés dont traite le Père Marie-Clément lors de ses retraites paroissiales qu’il est amené à animer sont : le Sacré-Cœur, pour la retraite réservée aux hommes ; la Vierge Marie pour celle destinée aux dames. Quand il s’adresse aux demoiselles, il leur parle de sainte Jeanne d’Arc à qui il avait fait une promesse alors qu’il assistait à Rome à la proclamation de l’Héroïcité des vertus de la sainte guerrière en 1904 : celle de faire quelque chose pour elle dans sa vie de prêtre.

Début mars 1913, Mademoiselle Alice Caron, ménagère de presbytère, qui participe à une retraite à Fitchburg, au Massachussetts, aux États-Unis, vient le trouver pour lui partager une inspiration qu’elle a accueillie dans la prière : « sainte Jeanne d’Arc veut de nous une Communauté de Sœurs consacrée au Sacré-Cœur pour les prêtres ! »

Le ministère de la prédication amenait le Père Marie-Clément à séjourner fréquemment dans les presbytères. Il y avait constaté le bien que pourraient accomplir des religieuses en service dans les résidences de prêtres.

 Après bien des hésitations et de longues réflexions et avec l’autorisation de ses Supérieurs, la Communauté est fondée à Worcester, au Massachussetts, en la nuit de Noël, le 25 décembre 1914. La communauté naissante émigre par la suite à Québec en 1917 avec la bénédiction de l’Archevêque, le Cardinal Louis-Nazaire Bégin. La Maison mère est construite à Sillery aux abords du fleuve Saint-Laurent et les Sœurs y habitent jusqu’en 2014.

Le vénérable Marie-Clément Staub dit un jour à ses religieuses : « Le Sacré-Cœur vous a réservé ce qu’Il a de plus beau et de plus cher : ses prêtres. Elle est si grande cette vocation ! Demandez à Jésus qu’Il vous donne l’esprit qu’Il veut dans vos cœurs, cet esprit de service pour les prêtres […]. Sainte Jeanne d’Arc sera votre idéal qui sans cesse vous soulève de bonheur et d’admiration. Quelle grandeur, quel modèle de vaillance, de générosité, de joie dans l’accomplissement de votre vocation. Comme vous devez aimer un pareil modèle pour le reproduire.

Le Fondateur dira plus tard avec fierté : « Jeanne d’Arc » est le plus beau fleuron de mon Sacerdoce !

Décès :

Le 16 mai 1936, en l’anniversaire de la canonisation de sainte Jeanne d’Arc (1920) le Père Marie-Clément Staub s’éteignait paisiblement, entouré de ses Filles et de ses confrères Assomptionnistes. C’était un samedi, il était 20h45. Il n’avait pas encore 60 ans.

Il est aujourd’hui enterré dans la chapelle du sanctuaire du Montmartre canadien, au 1679 chemin Saint-Louis, Québec (Qc), dont il est le fondateur.