La bataille de la Monongahéla est une victoire française qui a mis fin à l’expédition Braddock, une tentative britannique infructueuse de prendre le fort Duquesne aux Français au cours de l’été 1755, dans les mois qui ont précédé la déclaration de la guerre de Sept Ans. L’expédition porte le nom du général Edward Braddock, qui commandait les forces britanniques à l’époque et qui y perdit la vie.

À peine débarqué sur le rivage américain, Braddock met en œuvre le plan d’invasion du Canada ordonné par le cabinet britannique. Il attaquera en trois points de la frontière. En Acadie, où les Britanniques, dès le mois de juin, s’emparent facilement des forts de Gaspareau et de Beauséjour. Sur le lac Champlain, en tentant de frapper au cœur même de notre province. Sur l’Ohio, où Braddock lui-même prendra les devants.

En tant que commandant en chef de l’armée britannique en Amérique, le général Braddock mène l’attaque principale, à la tête de deux régiments (environ 1 300 hommes) et d’environ 500 hommes des milices des colonies britanniques d’Amérique. Avec ses hommes, Braddock prévoit de s’emparer facilement du fort Duquesne, puis de continuer à prendre d’autres forts français et d’atteindre le fort Niagara. George Washington, âgé de 23 ans et connaissant bien la région, sert d’aide de camp bénévole au général Braddock.

Pendant ce temps, au fort Duquesne, la garnison se compose d’environ 250 soldats réguliers et miliciens canadiens et d’environ 640 Indiens alliés qui campent à l’extérieur du fort. Les Indiens font partie de diverses tribus qui ont longtemps été alliées des Français, comme les Outaouais, les Ojibwas et les Potawatomis. Les commandants français, Jean-Daniel Dumas et Daniel Liénard de Beaujeu, qui reçoivent régulièrement des rapports des éclaireurs indiens sur l’avancée des troupes britanniques, se rendant compte qu’ils ne pourront pas résister aux canons de Braddock, décident de lancer une attaque préventive : une embuscade au moment où les troupes de Braddock traversent la Monongahéla. Les alliés indiens sont d’abord réticents à attaquer une force britannique aussi importante, mais Beaujeu leur offre des tenues de combat et d’autres cadeaux, ce qui les persuade de le suivre.

Le 9 juillet 1755, les hommes de Braddock traversent la Monongahéla sans rencontrer d’opposition, à une quinzaine de kilomètres de Fort Duquesne. L’avant-garde commandée par le lieutenant-colonel Thomas Gage poursuit sa progression et tombe sur les Français et les Indiens qui se précipitent vers la rivière mais arrivent trop tard pour leur tendre une embuscade. Dans la furieuse escarmouche avec les hommes de Gage, le commandant français, Daniel Liénard de Beaujeu, est tué, mais sa mort n’affecte apparemment pas les troupes françaises et leurs alliés indiens qui poursuivent l’attaque.

La bataille, appelée plus tard « bataille de la Monongahéla », commence. La colonne de Braddock, composée de 1 500 hommes, fait face à moins de 900 Français et Indiens. Les soldats français ouvrent le feu, par rangs de quinze. Les Anglais mettent en action leur artillerie, qui semble sur le point d’écraser les Français sous son feu, lorsqu’une contre-attaque des Indiens cachés dans la forêt permet l’inexplicable renversement de cette situation difficile. La colonne anglaise, longtemps immobilisée, est incapable de manœuvrer, et Braddock se dépense en vain pour ranimer le courage des siens. La panique s’empare des Anglais, que les Indiens taillent en pièces avec leurs terribles armes blanches. On dénombre 420 morts anglais contre 23 dans les rangs français. Braddock lui-même est terrassé après avoir vu cinq chevaux tués sous lui. Braddock est à son tour mortellement blessé.

La stupeur qui saisit les adversaires au soir de leur défaite est rapportée par l’un d’entre eux. En effet, Washington écrit le 2 août : « Nous avons été battus, honteusement battus par une poignée de Français qui ne pensaient qu’à s’inquiéter de notre route. Quelques instants avant l’action, nous pensions que nos forces étaient presque égales à toutes celles du Canada ; et pourtant, contre toute vraisemblance, nous avons été complètement battus, et nous avons tout perdu ». 

La force de la France colonisatrice est ici clairement illustrée : cette impressionnante efficacité née de l’union harmonieuse des troupes royales, des milices et des corps indigènes.

Mais ce qui rend cette victoire encore plus chère à nos cœurs, c’est ce que les soldats anglais ont témoigné avoir vu « une dame au-dessus des Français, et que les balles se perdaient dans les plis de son manteau ». De leur côté, les combattants français avouent ne pas être capables d’expliquer pourquoi leurs ennemis pointaient leurs armes trop haut, tirant au-dessus d’eux !

 

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