Pierre Boucher

 
 

La naissance d’un héros canadien

Pierre Boucher est l’un des canadiens les plus respectable qui a marqué son temps et se révèle être un modèle pour tous les canadiens français. Tout débute avec l’arrivé en Nouvelle-France de ce jeune garçon d’environ 13 ans accompagné de ses parents. Ses parents, ayant tout quitté de leur France natale et désireux de donner une bonne éducation à leur garçon, envoient celui-ci en Huronie, près des grands lacs, pour qu’il puisse recevoir un enseignement des missionnaires jésuites. Ce garçon se démarque déjà par son intelligence et sa vigueur.

Durant son séjour en Huronie, il côtoie le futur saint Jean de Brébeuf, saint Issac Jogues et le Père Chaumonot. Quelle chance inouïe pour ce jeune garçon de grandir aux côtés de ces grandes figures de l’église canadienne! Le jeune Boucher, grandira en piété, il apprendra les langues et les coutumes indiennes. La vie en Huronie n’est pas de tout repos! À cette époque il y a les guerres indiennes. Les Hurons eux-mêmes, influencés par leur sorcier, se révoltent et Pierre sera blessé à la main à 18 ans.

Or, c’est à ce moment que Pierre Boucher revient à Québec. Il devient soldat. Son sens pratique et la connaissance approfondie des langues du pays seront des atouts pour les négociations avec les indiens. En plus d’être bon militaire, on reconnait qu’il est un jeune homme très vertueux. Toutes ces qualités le font monter rapidement en grade et il deviendra caporal puis sergent.

La guerre avec les Iroquois fait rage, appuyée par les protestants de la Nouvelle- Angleterre pour le contrôle du commerce. C’est alors que Pierre Boucher, qui a 21 ans et basé à Trois-Rivières, a comme mission de défendre les habitants de cette ville. Rappelons qu’à cette époque Trois-Rivières est la plaque tournante du commerce en Nouvelle-France. Cette ville est ainsi la cible des Iroquois. Les habitants, pour la plupart marchands, sont dispersés sur la terre et par conséquent ils sont difficiles à protéger.

Le jeune Pierre Boucher, nouvellement nommé représentant du gouverneur, brille par ses idées. Il fera élever une palissade pour rassembler les habitants et ainsi protéger la ville et ses habitants. À cette époque, Pierre Boucher tente de fonder une famille, mais le triste destin fera en sorte que son épouse, une jeune huronne, meurt ainsi que son enfant. Cette dure épreuve fait grandir notre héros en piété.

Fait d’arme, la défense de Trois-Rivières

Les iroquois forment la plus grande menace en Nouvelle-France et ceux-ci organisent des attaques renouvelées sur Trois-Rivières. Trois-Rivières est la pierre angulaire du commerce. Si celle-ci tombe, toute la Nouvelle-France sera menacée de s’écrouler.

C’est alors qu’un groupe de 22 colons armés, contre les ordres de Pierre Boucher, décident de sortir hors des palissades et de se lancer à l’assaut des Iroquois. Pierre Boucher, connaissant bien les mœurs des indiens, leur somme « N’y allez pas, vous vous ferez massacrer! ». Et c’est ce qui arriva, ces colons furent tous sauvagement tués.

Suite à cet événement, en cette année de 1651, Pierre Boucher n’a maintenant plus que 10 hommes adultes pour défendre Trois-Rivières. Cette situation de faiblesse sera mise à rude épreuve. Soudain, Pierre Boucher, regardant au loin du haut de la palissade, voit venir une armée d’Iroquois. Il sont de plus 600, prêts au combat !

Le jeune Pierre Boucher ingénieux et possédant les qualités de chef, rassemble alors 40 hommes incluant les vieillards et les jeunes garçons costaux. Nous défendrons Trois-Rivières à tout prix se dit-il ! Il demande de faire un inventaire rigoureux des munitions et installe sa petite troupe à des lieux stratégiques. L’une des consignes primordiales sera de ne jamais se montrer à la palissade, l’ennemi de doit jamais nous voir.

Le stratagème de Pierre Boucher porte fruit. La ville tient les assauts des iroquois et cela pendant 9 jours. Les pertes chez les indiens sont très grandes et ceux-ci s’imaginent alors que l’armée des colons est nombreuse. Le plus étonnant arrive alors, une délégation d’Iroquois s’avance pour parlementer. Les indiens désirent conclure la paix! Mais demandent d’entrer dans la ville pour conclure celle-ci. Pierre Boucher, se dit, « Si je les laissent entrer, ils verront que nous ne sommes qu’une poignée d’homme et notre faiblesse sera dévoilée. ». Notre héros dit aux indiens qu’il ira seul rencontrer leur chef et négocier la paix dans leur campement. Cet acte de courage impressionne à la fois les colons mais aussi les indiens qui le croient alors très puissant. Les fruits seront nombreux, la paix sera conclue, les prisonniers français seront libérés et les ennemis laisseront même 6 indiens aux colons en guise d’otage. Ce grand fait d’arme fera la renommée de Pierre Boucher en Nouvelle-France.

On le nomme juge. On l’acclame. Cependant, cette gloire sera de courte durée. Pierre Boucher est un bon chrétien, près des consignes de Monseigneur de Laval et refuse toute vente d’alcool qui ruine alors la vie des colons et qui sème le désordre chez les indiens. Pour ces raisons, la population le persécute au point qu’il démissionne et s’installe sur une terre à défricher, non loin de Trois-Rivières. Ce terrain est l’actuel Cap de la Madeleine. Il y applique ses principes sur cette seigneurie.

Trois-Rivières, ainsi privée d’un chef droit comme Pierre Boucher, est de nouveau en proie à de violentes attaquent indiennes en 1658 tandis que les familles sur la terre de notre héros sont protégées. Pierre Boucher a maintenant 37 ans, il est notable, se marie et aura 15 enfants.

Boucherville, une seigneurie modèle

On l’invite à se rendre en France pour y rencontrer le roi Louis XIV. Celui-ci anoblie notre héros pour ses exploits à Trois-Rivières. Pierre Boucher recevra du roi 100 soldats avec munitions et 100 colons pour défendre et coloniser la Nouvelle-France. Mais voilà qu’au retour, une grande tempête se déchaîne sur l’océan, c’est l’une des plus rude traversée. 60 homme perdront la vie durant ce voyage.

De retour en Nouvelle-France, Pierre Boucher a comme objectif d’organiser le pays. Il veut coloniser, cultiver et faire fructifier la terre. Il demandera un grand territoire qui lui sera accordé au sud de l’actuel Montréal. Il fondera ainsi Boucherville. Cette terre est le modèle de la seigneurie parfaite, sous le signe de la piété et de la vie religieuse. L’église sera d’ailleurs le premier bâtiment construit. Il dresse une liste des professions qu’il a besoin et fait venir de France la plupart de ces gens. C’est ainsi que la ville se développe. On fait construire des maisons, on fait venir un forgeron, des communautés, etc. C’est un exemple parfait d’une fondation catholique et ceci deviendra au fil du temps un modèle pour les paroisses canadiennes françaises.

Boucherville rayonne sur toute la Nouvelle-France. L’ordre y règne, la piété, il n’y a pas d’alcool et Dieu est au centre des activités. Déjà 37 familles s’y développent et cette seigneurie est la plus prospère.

Pierre Boucher s’éteint à l’âge avancé de 95 ans. Dans son testament, on peut y lire : « Je ne vous laisse pas grand bien, mais le peu que je vous laisse est très bien acquis. J’ai fait ce que j’ai pu pour vous en laisser davantage, je n’ai rien négligé pour cela… je ne vous laisse aucun ennemi de ma part, j’ai fait ce que j’ai pu pour vivre sans reproche, tâchez de faire de même…»

Il laissera une grande descendance. Celle-ci récitera longtemps son testament le premier de l’an. Ce héros canadien fut un guide pour toute la Nouvelle-France et demeure encore aujourd’hui un modèle à suivre pour tous les canadiens français.