La source miraculeuse du Lac-Bouchette

 
 

BIOGRAPHIE DE L’ABBÉ ELZÉAR DELAMARRE

Né le 8 septembre 1854 à Laval (Québec), venu s’installer avec sa famille à Hébertville, au Lac-Saint-Jean, en 1857, l’abbé J.-B. Villeneuve voit en lui la vocation. Ce dernier paya ses études. Malgré sa santé fragile, l’abbé Delamarre est ordonné prêtre le 29 juin 1883.

En 1894, il fonde l’œuvre du pain de Saint Antoine venant en aide aux jeunes orphelines. En 1895, il est le fondateur, avec l’abbé Huard, du Messager de Saint-Antoine. En 1904, il crée la congrégation des sœurs de Saint Antoine de Padoue et, en 1907, son œuvre majeure, l’Ermitage Saint-Antoine de Lac-Bouchette.

 Deux frères, Charles DeLamarre (père du célèbre Victor), et l’abbé Elzéar DeLamarre, sont à l’origine du projet. Débuté comme étant simplement un lieu de résidence pour Charles DeLamarre et sa famille, l’abbé Elzéar DeLamarre lui, voit un potentiel bien différent à ce secteur. À ce moment, il était supérieur du séminaire de Chicoutimi.

L’abbé DeLamarre achète à son tour un très grand terrain, tout près de celui de son frère. En 1906 il y construit une première petite résidence d’été, et dès l’année suivante, une maison qui devra servir d’ermitage pour quelques personnes seulement, et une minuscule chapelle de quatre par cinq mètres.

L’abbé DeLamarre a ceci de particulier qu’il voue une grande dévotion à Saint-Antoine, à la suite de deux voyages spirituels en Europe qu’il avait fait en 1891 et 1904. Inspiré par ces voyages, il décide de consacrer le sanctuaire en l’honneur de Notre-Dame-de-Lourdes, où de nombreux miracles ont déjà eu lieu.

Cette dévotion à Lourdes et ses miracles n’est pas un hasard, puisque l’abbé Delamarre avait découvert sur sa terre une grotte qui ressemblait étrangement au lieu culte de l’Europe. Delamarre, impressionné par la grotte, y installera une statue de la Vierge Marie, tout comme à Lourdes, mais avec les moyens de la région à ce moment.

LA DÉCOUVERTE DE LA SOURCE D’EAU PURE

Oui il y avait de grandes ressemblances avec la vraie grotte de Lourdes, mais il manquait un élément important: la source d’eau pure. Après quelques recherches infructueuses, Elzéar Delamarre demanda à l’aide de la Sainte Vierge. C’est l’un de ses neveux qui, en creusant dans le roc dur, fit soudainement apparaître, comme par miracle, une source d’eau jaillissante. Des analyses de l’époque montrèrent qu’il ne s’agissait pas d’eau minérale, mais d’une eau absolument pure.

Par la suite, DeLamarre fit construire une reproduction miniature de la basilique de Lourdes juste au-dessus de la grotte.
Voilà ! avec la mini-basilique, la grotte, la statue de la Sainte Vierge et la source d’eau pure, la région avait maintenant son petit Notre-Dame-de-Lourdes bien à elle.

Ne manquaient plus que des miracles, qui ne mirent pas de temps à arriver…

 
 

LES MIRACLES :

Dans les années 1910 et celles bien après, c’est par dizaines que des gens d’ici et d’ailleurs disent avoir été guéris par cette eau, ou par le simple fait d’avoir visité le lieu.

Reportons-nous en juillet 1920. Un journaliste du journal La Presse , intrigué par toutes ces rumeurs de guérisons, décide de se rendre à Lac-Bouchette recueillir des témoignages. Voici ce qu’il put colliger comme information :

« Un jour, arriva à la grotte une femme, pieds nus. Cette femme expliqua à M. Delamarre qu’elle avait été aux portes de la mort, entourée de ses enfants en pleurs qu’elle aurait bien voulu ne pas quitter. Elle promit à la Vierge de visiter pieds nus son sanctuaire du lac Bouchette si elle guérissait. Elle obtint cette grâce et c’était sa promesse qu’elle remplissait. Mais elle conservait encore une sciatique. Après avoir accompli ses dévotions, cette sciatique disparut aussi, c’était la deuxième faveur qu’elle obtenait. »

« M. Rondeau, ingénieur-électricien, frappé de maladie causée par des gaz mercuriels, dans l’exercice de son métier, était sujet à des hémorragies et s’acheminait vers la mort. Il se rendit au sanctuaire de Bouchette. Étendu par terre, il invoqua la Sainte Vierge. Il pria longtemps et lorsqu’il se releva, il était complètement guéri. À peine restait-il quelques légères traces. Plus de quinze médecins l’avaient examiné auparavant et l’avaient déclaré incurable, dit-on. M. Rondeau demeure maintenant au lac Bouchette où chacun peut le voir. En reconnaissance, il est à préparer une voie ferrée qui conduira les pèlerins de la station à la grotte. »

« L’hiver dernier, un homme revenait des chantiers souffrant d’une blessure faite par une hache qui le forçait de se rendre à l’hôpital. Passant au lac Bouchette, et forcé d’y attendre le prochain convoi, il entendit la maîtresse de la maison où il se trouvait, lui parler de l’eau de la nouvelle grotte. Elle en avait elle-même chez elle. La plaie du voyageur fut baignée de cette eau et, dès le lendemain, celui-ci, guéri reprenait le chemin de son chantier. »

Le journaliste de mentionner au sujet de ces miracles « Il nous faudrait un grand espace pour raconter tous les miracles opérés à Notre-Dame-de-Lourdes du lac Bouchette, ou par l’eau de la grotte. »

LE SOURIRE DE LA VIERGE :

Est-ce que la statue de la Sainte Vierge de l’ermitage avait des humeurs ? À en croire les témoignages, il semble bien que oui. Selon des témoins de l’époque, la vierge semblait sourire à certaines personnes, mais pas à toutes.

Un jour, un homme, ancien catholique qui avait abandonné sa foi, se rendit à la grotte en compagnie de l’abbé Delamarre. L’homme fit la remarque au religieux que la statue ne lui souriait pas du tout. Delamarre confirma en lui disant qu’effectivement la Vierge ne lui avait jamais paru aussi triste. L’homme, pris de culpabilité, demanda à l’abbé : « Ne serait-ce pas de ma faute ? ». Immédiatement, il demanda à se confesser et revint à la religion.

LES ANNÉES 1920 :

Les années 1920 marquent une croissance phénoménale des visites… et des miracles. En 1922, une fête est organisée pour la bénédiction d’un pont. Plus de 3 000 personnes y participent. Un train bondé de gens débarque près de 1 000 personnes d’un seul coup. Les bateaux doivent faire plusieurs voyages pour traverser tous ces gens.

Si, en 1925, les pèlerins avaient été au nombre de 12 500, 1926 voit le nombre doubler, à plus de 25 000. Hasard ou pas, ceci coïncide avec le décès de l’abbé Delamarre, qui survint le 21 avril 1925.

LA CRISE ÉCONOMIQUE DE 1932 :

Ici comme ailleurs dans le monde, la crise économique du début des années 1930 a frappé très fort. Beaucoup de familles sont désespérées par cette situation qui les pousse à l’indigence totale. L’Ermitage Saint-Antoine de Lac-Bouchette servira de lieu de rassemblement pour prier afin que cette crise cesse, et évidemment, demander de l’aide immédiate à la Sainte Vierge.

À l’été 1932, le sanctuaire doit faire face à un déferlement de pèlerins de la région qui viennent faire pénitence et demander l’aide divine. La population est à bout de ressources. Une marche est organisée. L’Ermitage est le lieu de rencontre. En quelques semaines, c’est plus de 1 500 personnes qui arrivent de partout au Lac-Saint-Jean, Jonquière, Kénogami, etc.

Ces gens arrivent à pied. Plusieurs de Chambord où le chômage est épouvantable, mais aussi des derniers habitants de Val-Jalbert, ou même plus de 400 personnes de Dolbeau, qui durent marcher toute la distance.

Le village du Lac-Bouchette suivit en organisant une marche vers le lieu culte, mais pieds nus ! 160 personnes firent le trajet. Le village de Saint-François-de-Sales s’invita aussi avec 60 pèlerins.

APRÈS LA GUERRE 39-45, IL Y A TROP DE MONDE

Nous pourrions croire que cet espoir du miracle s’atténua avec la modernité. Non, bien au contraire. Tout de suite après la guerre 39-45, c’est la folie. Dans les publications vantant les bienfaits d’un séjour à l’Ermitage, on souffle le chaud et le froid. Si d’un côté on mentionne qu’une visite dans ce lieu peut avoir des vertus miraculeuses, on doit également limiter grandement le nombre de pèlerins, par simple manque d’espace et d’organisation pour accepter toutes les demandes.

On fait la promesse de jours meilleurs de ce côté, mais « qu’en attendant, nous multiplierons les pèlerinages à groupes moins considérables, c’est-à-dire, ne comportant que quelques centaines de pèlerins à la fois. » Cette décision est prise à la suite de plaintes autant des pèlerins que des autorités de l’Église.

Rétrospectivement, ceux qui aiment ce lieu pour les bonnes raisons seront d’accord avec le fait de ne pas dénaturer sa mission, et d’éviter qu’il ne devienne un cirque incontrôlable.

DES MIRACLES, IL Y EN A ENCORE :

Encore aujourd’hui, ce site demeure un endroit privilégié pour plusieurs. Depuis les années 1910, ce qui n’était au départ qu’une petite résidence secondaire est devenu l’endroit que nous connaissons. Des investissements constants et réguliers assurent le futur de l’ermitage.

UN MIRACLE PAR L’INTERCESSION

Le texte suivant est affiché sur le mur près de l’autel dans la chapelle San’Tonio, en guise d’ex-voto :

Nous apprenons une très belle nouvelle, qui confirme la puissance de nos «saints» canadiens auprès du Seigneur. Dans tous les centres consacrés à faire connaître l’un ou l’autre de nos «saints» personnages dont les Causes sont en marche ou en voie de l’être, les responsables rapportent d’innombrables faveurs obtenues par leur intercession, grâce à la FOI qui anime ceux qui les prient. Cette fois, c’est l’Abbé Elzéar Delamarre Ce prêtre au cœur de feu, qui a fondé le Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes, au Lac Bouchette, et la Communauté des Sœurs Antoniennes de Marie, à Chicoutimi, vient d’obtenir une très grande guérison, qui pourrait être qualifiée de miraculeuse, faveur de l’une de ses filles spirituelles : Sœur Georgette Duchesne, Antonienne de Marie.

Voici le récit de Sœur Georgette : « Moi, Georgette Duchesne, Antonienne de Marie, après avoir été opérée dans la gorge le 17 septembre 1996, j’ai perdu la voix, mes cordes vocales ayant été paralysées. Le 28 décembre 1996, je suis allée au Lac Bouchette, prier au tombeau de notre Fondateur, l’Abbé Elzéar Delamarre, avec un groupe de Sœurs et d’amies. Il était dix heures trente, nous étions agenouillées priant avec ferveur et en toute confiance. Soudain, je me suis mise à parler à haute voix et j’ai chanté tout naturellement deux cantiques à la Sainte Vierge. Comme témoins de cette merveilleuse grâce. je puis citer ma compagne : Sœur Jacqueline Duquette, le Docteur Hélène Archibald, assistante de mon chirurgien et lui-même, Docteur Main Battiwha, qui a confirmé le miracle, en disant que je n’étais pas supposée parler et encore moins chanter. Figurent également sur le récit les noms de Shirley-Ann Lamothe et de Marie Côté.

Le verdict du Docteur est clair : Paralysie de deux cordes vocales, post-opération glande thyroïde. Et il a ajouté, sous sa signature :

« Confiance. C’est sa petite prière. Abbé Delamarre et Ste Vierge Marie exaucent nos demandes et éloignent le mal. »

Le tombeau de l’Abbé Delamarre est au Sanctuaire de Notre-Dame-de-Lourdes et Saint-Antoine, au Lac Bouchette, où les Pères Capucins sont Gardiens du Sanctuaire.

Sources:

Les miracles de l'Ermitage du Lac-Bouchette