La statue de Saint Joseph retrouvée dans l’eau

 
 

L’abbé Étienne-Michel Faillon au Canada:

Tout a commencé lorsque Monsieur l’abbé Étienne-Michel Faillon, un prêtre sulpicien né en France fit son troisième voyage au Canada, de novembre 1857 à juin 1862. Chargé de la visite des maisons sulpiciennes en Amérique, Faillon entre en relation avec les communautés féminines de Montréal établies sous le Régime français. Il écrira la biographie de leurs fondatrices: Marguerite Bourgeoys, Marie-Marguerite d’Youville et Jeanne Mance. C’est pour l’abbé Faillon une manière de participer au renouveau religieux des années 1840 dans le diocèse de Montréal. Dans un esprit plus spécifiquement pastoral, il fit installer chez les filles de Sainte Marguerite Bourgeoys à Montréal une statue réputée miraculeuse de Notre-Dame de Pitié, originaire d’Avignon (Aujourd’hui dans l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours dans le Vieux-Montréal). 

 

La dévotion à Saint Joseph:

Outre cet apostolat, Étienne-Michel Faillon s’occupa de répandre, tant au Canada qu’en Europe, la dévotion à saint Joseph. En 1843, il publia un opuscule intitulé Sentiments de Monsieur Olier sur la dévotion à saint Joseph (Saint-Denis, France) qui fut réimprimé en 1854. Quatre ans plus tard, 40 000 exemplaires avaient été vendus au Canada. « En 1857, Monsieur Étienne-Michel Faillon, p.s.s. (aumônier des Soeurs grises à Montréal), acheta en France une statue de Saint Joseph pour une petite chapelle bâtie l’année précédente et dédiée à Saint Joseph. Le navire porteur de cette statue sombra avec sa cargaison. Une seconde statue fut donc commandée par le même, qui arriva à bon port en novembre de la même année. Le généreux donateur en fit la bénédiction, un mercredi, le 11 novembre 1857 » (c.f. Cahiers de Joséphologie).

« Un an plus tard, surgit aux quais de Montréal une caisse portant simplement comme adresse « Soeurs Grises ». Sans pouvoir expliquer la provenance, les douaniers la firent transporter à la maison des Soeurs Grises la plus rapprochée du port, qui se trouvait alors l’Hospice Saint-Joseph (rue Cathédrale). Qu’on se figure le joyeux étonnnement de la Communauté. Ce colis lui apportait une statue de bois, haute de sept pieds, la statue perdue en mer. Saint Joseph choisissait lui-même son sanctuaire ; on l’y installa au-dessus du maître-autel » (c.f. Cahiers de Joséphologie). 

 
 

« À la Maison mère, pour loger convenablement Saint Joseph, on érigea une petite chapelle – rotonde attenante à la grande chapelle – dont Monsieur Victor Rousselot, p.s.s., avait défrayé le coût. Monsieur [l’abbé] Faillon vint la bénir le mercredi 22 décembre 1858, puis il y célébra la Sainte Messe à laquelle les Soeurs communièrent » (c.f. Cahiers de Joséphologie). Elle demeurea à cet endroit jusqu’au 31 mai 1931, où elle fut transportée au 1460 est, Chemin de la Côte Saint-Michel (aujourd’hui Boulevard Crémazie) maison alors appelée  »École Ménagère Saint-Joseph ». En 1967, à la suite de la rénovation liturgique, la statue de Saint-Joseph fut enlevée de la chapelle et placée à l’entrée du premier étage où elle est actuellement. En 1978, Saint Joseph a encore une place d’honneur à la Résidence Eulalie-Perrin (au même endroit que l’École Saint-Joseph de 1931.) Par une bonté de la Providence, cette statue est rénovée gracieusement par un bienfaiteur du nom de Monsieur Guy Brunelle, en mai 1983. 

« De nos jours encore on n’ignore pas qu’avant de gravir le Mont-Royal, c’est à la petite église de la rue du Cimetière, et plus tard de la rue Cathédrale, que se dirigeait la population catholique de Montréal pour prier saint Joseph. Construite en 1862-1863 par les soins de Monsieur Antoine-Olivier Berthelet, aidé des Soeurs Grises, cette chapelle fut consacrée le 15 octobre 1863, par Sa Grandeur, Monseigneur Ignace Bourget si dévoué aux intérêts du glorieux Patron de notre pays » (c.f. Cahiers de Joséphologie).  

Selon le témoignage d’Alcée Penet, archiviste de la Maison Mère d’Youville, la Résidence Eulalie-Perrin fut vendue en 2008. La même année, la statue fut donnée à l’Oratoire Saint-Joseph où elle demeure jusqu’à ce jour. Selon Monsieur David Bureau, archiviste de l’Oratoire Saint-Joseph, cette statue d’environ deux mètres de hauteur se trouve dans les réserves de l’Oratoire. Elle est cependant inaccessible au public. 

 

Sources: 

Sr. C. Drouin, s.g.m, L’Hôpital Général de Montréal, 1943, t. III. p. 58

Les soeurs grises sous la garde de Saint Joseph, Cahiers de Joséphologie, Volume VI, no2 (1958) pages 222 à 224