La mort héroïque du Père Anne de Nouë

 
 

Jeunesse:

Anne de Nouë est né le 7 août 1587 près de Reims, en France. De famille noble, Anne de Nouë passa plusieurs années à la cour de Henri IV où M. de La Vieuville l’avait pris à son service comme page (on le surnommait « le beau page »). Plus tard, il fut officier de la Chambre du roi. En septembre 1612, il entra au noviciat des Jésuites parisiens, et fit ses études à Paris, où il exerça les fonctions de préfet pendant ses études en théologie (1618–1622), puis à La Flèche et à Nevers. Après deux ans comme ministre du collège de Bourges (1622–1624), il vint au Canada en 1626. Il hiverna en Huronie avec le père de Brébeuf, puis se rendit parmi les Montagnais ; mais, quoique d’une intelligence vive, il ne put ni apprendre les langues ni s’habituer au genre de vie des Premières Nations. Par ailleurs, il était habile à la pêche, ce qui lui permit, durant la détresse de 1627–1628 à Québec, d’alimenter la communauté et ses amis.

De retour en France (1629–1632), il fut ministre aux collèges d’Amiens et d’Orléans avant de revenir au Canada pour prendre soin des nombreux ouvriers à la résidence de Québec. Il y demeura jusqu’en 1642, année de son départ pour Trois-Rivières. 

Visite de la côte de Beaupré:
En 1633, le Père Anne de Nouë visita pour la première fois la future côte de Sainte-Anne-de-Beaupré, suivant un indigène qui le sollicita de venir visiter son campement situé vers le Cap Tourmente. « Le Père Anne de Nouë avait un corps trop faible pour sa grande âme ; il ne put franchir en un jour la distance qui sépare Québec du Cap Tourmente ; il dut s’arrêter pour coucher à la belle étoile, dans un presbytère fait de neige, avec le ciel pour couverture; un bout d’anguille boucannée, arrosée d’une tasse de neige fondue, composa le menu de son souper » (c.f. La Bonne Sainte Anne, page 32). 
« Le lendemain, le missionnaire put atteindre le terme de sa mission. La joie débordante que sa visite apportait à ces pauvres enfants des bois lui fit vite oublier ses peines ; à genoux dans la neige, les mains jointes, la tête découverte, les yeux au ciel, il bénit le Divin Rédempteur de l’avoir choisi pour porter à ces âmes les joies de la religion » (c.f. La Bonne Sainte Anne, page 32). 
« Les sauvages se mettent à l’oeuvre pour faire à la Robe Noire le meilleur accueil. L’un met de l’eau dans la chaudière, ou plutôt de la neige; un chasseur vient de capturer deux castors ; on les met en pièces, on les jette dans la chaudière, sans les laver de peur de perdre la graisse. « C’est bien bon, tout cela, disent les Sauvages, mas Père, parle-nous de ta belle Sainte, c’est encore meilleur » (c.f. La Bonne Sainte Anne, page 33) 
« À cause de son nom, le Père Anne de Nouë a bien de la peine à les convaincre qu’il n’est pas la Bonne sainte Anne en personne. « Puisqu’elle est encore meilleure que toi, répondaient-ils, nous la prieront toujours, et tu verras dans ta prochaine visite si nous lui avons fait de la peine! » (c.f. La Bonne Sainte Anne, page 33).
 

Décès tragique:

Le 30 janvier 1646, il partit des Trois-Rivières pour administrer les sacrements aux soldats de la garnison de Sorel. Surpris par la tempête, il s’égara dans les îles du lac Saint-Pierre, et ne fut retrouvé que le 2 février suivant, à près de quatre lieues au-dessus du Richelieu. Un soldat du fort qui, avec deux hurons, s’était mis à sa recherche, vit au cap nommé de Massacre, à une lieue plus haut que Richelieu, un endroit où il s’était reposé.

Encore trois lieues plus loin, vis-à-vis l’île Plate et la terre ferme, entre deux petits ruisseaux, ils trouvèrent son corps gelé sur la terre découverte, en ayant vidé la neige en rond ou en cercle ; son chapeau et ses raquettes étaient auprès de lui, il était penché sur le bord de la neige relevée, il avait les yeux ouverts, regardant vers le ciel et les bras en croix sur sa poitrine.

 
 

 

Sources:

  • BÉLANGER, Georges, La Bonne Sainte Anne, au Canada et à Beaupré, pages 32 et 33
  • www.biographi.ca/fr/bio/noue_anne_de_1F.html