Les navires votifs au Canada

 
 

Les navires votifs en Nouvelle-France:

Un navire votif est une maquette de navire exposée comme ex-voto dans une église, c’est-à-dire donné à l’église en remerciement pour une faveur obtenue. La pratique d’exposer des maquettes de bateaux dans les églises provient du Moyen-Âge et s’est diffusée dans l’Europe chrétienne. Le plus ancien ex-voto connu est une maquette espagnole datant du 15e siècle.

Les navires votifs sont assez courants dans les villes côtières de France, sous la forme de maquettes ou de peintures. La basilique Sainte-Anne d’Auray, en Bretagne, en possède la collection la plus importante en France. De 1608 à 1760, 47 000 Français fouleront le sol en Amérique du Nord ; 17 000 s’y établissent et 11 000 fonderont une famille. En outre, 2300 sujets revendiqueront des origines bretonnes. Étant donné qu’une grande portion de la population proviennent des villes côtières de France, il n’est pas étonnant d’y trouver certains navires votifs dans les églises de la Nouvelle-France.

Le premier navire votif en Nouvelle-France:

Un tableau peint en 1747 fut ajouté comme ex-voto dédié à la Vierge Marie pour avoir sauvé du naufrage le navire L’Aimable Marthe. Ensuite, un second ex-voto, sous forme de navire votif est suspendu à la voûte de la nef. Il s’agit d’une réplique du Brézé, un navire ayant transporté une partie du régiment de Carignan-Salières envoyé en Nouvelle-France en 1665 afin de contrer la menace iroquoise. Accroché à l’origine au plafond de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, il fut lourdement endommagé lors de l’effondrement de la voûte incendiée en 1759. En 1955, après sa restauration, il a été relocalisé à l’église Notre-Dame-des-Victoires, à Québec.

 

Le navire votif des zouaves pontificaux:

Le 19 octobre, les zouaves canadiens quittaient Liverpool à bord de « L’Idaho » pour se diriger sur New-York. Deux jours après le départ, une violente tempête déchaîna la furie des vagues de l’Océan contre le bateau à vapeur. « L’Océan grondait, sifflait, hurlait, rugissait avec plus de force et de rage, les montagnes d’eau qui venaient s’abattre tantôt sur la proue, tantôt sur la poupe du vaisseau, étaient de plus en plus lourdes et menaçantes ; la charpente du navire semblait se disjoindre ; lorsque tout à coup un bruit épouvantable, comme celui de la foudre tombant sur l’avant, se fait entendre ; en même temps on ressent une secousse terrible comme si le navire eût frappé sur un rocher, et avant de se rendre compte de l’accident, les zouaves entendent d’immenses colonnes d’eau se précipiter dans leur compartiment une ancre a été emportée, par une forte lame, du pont supérieur, laissant derrière elle une large issue aux vagues qui viennent inonder l’entrepont ; on se voit en face de la mort, et ces flots semblent venir chercher des cadavres ; pendant que les uns se cramponnent aux objets qu’ils peuvent rencontrer sous la main, que les autres se jettent à la nage dans cette petite mer intérieure, une voix dominant tout le bruit se fait entendre ; c’est un zouave qui commande à ses camarades d’élever leur cœur vers Marie et de lui promettre un ex-voto, s’ils arrivent à bon port. C’était vers minuit. 

Le lendemain, les flots, comme fatigués, ne faisaient plus qu’obéir au mouvement imprimé la veille, le vent était tombé, le ciel était pur, tous les passagers, montés sur le pont, respiraient avec l’air frais, l’espérance et le bonheur ; les zouaves remerciaient la Vierge Marie, à qui ils attribuaient leur salut. »

Le 6 novembre, les zouaves pontificaux canadiens faisaient une véritable entrée triomphale dans la ville de Montréal au milieu des acclamations de cinquante mille personnes qui étaient accourues à la gare, pour souhaiter la bienvenue… Avant de se séparer et de voler dans les bras de leurs parents, les soldats de Pie IX, accompagnés de l’évêque, se rendirent à la chapelle de Bonsecours pour s’acquitter de leur vœu envers la Vierge Marie. Un petit navire d’argent, un fac-similé de l’ « Idaho », se balance aujourd’hui à la voûte de cette église ; c’est l’ex-voto promis par les zouaves Canadiens ».

Les navires votifs sous forme de toile:


Parfois, ce sera par des peintures que les Canadiens illusteront leurs actes de reconnaissances pour la protection du Ciel. Il existe un fameux navire que l’on nomme le Joybert et qui est représenté sur un ex-voto de 1706. L’armateur de Québec Louis Prat commande cette toile afin de remercier Sainte-Anne pour la prise du Pembroke Galley par le Joybert, commandé par Jean Léger de La Grange. Cette toile se trouve aujourd’hui dans le musée de la Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré

 
 

 

Sources:

-C.-E. Rouleau, La Papauté et les zouaves pontificaux.

Frère Ernest-Béatrix, Histoires canadiennes, La Vierge Marie, deuxième édition, pages 58 à 60.