Saint Isaac Jogues

 
 

Jeunesse:

Isaac Jogues naquit à Orléans, en France, le de Laurent Jogues et de Françoise de Saint-Mesmin. Le petit orléanais fut baptisé rapidement après sa naissance dans l’église Saint-Hilaire. Il était le cinquième de neuf enfants.

Isaac eut une enfance joyeuse et assez aisée ; son père gagnait très bien sa vie, puisqu’il était marchand drapier et bourgeois d’Orléans. Dès sa tendre enfance, il développa un attrait pour le divin. « Il aimait à entendre raconter les souffrances de Jésus-Christ et celles des Saints. Ces récits excitaient en lui une vive émotion, et plus d’une fois ils firent couler ses larmes. Tout jeune encore il était accessible aux élans d’une ardente ferveur. Elle éclatait dans la prière et dans son empressement à profiter des occasions de souffrir pour son Dieu » (c.f. Le révérend Père Isaac Jogues, s.j., premier apôtre des Iroquois, page 2)

Isaac entra dans la Compagnie de Jésus (Jésuites) le 24 octobre 1624. Il fut envoyé au noviciat de Rouen. Là, il eut la chance d’avoir comme maître des novices le père Louis Lallemant. Le jeune Isaac confia au père Lallemant son désir de devenir missionnaire en Asie et en Éthiopie, mais son maître lui répondit: « Mon Frère, vous ne mourrez pas ailleurs qu’au Canada ». On l’envoya faire sa philosophie au collège de La Flèche, puis sa théologie à Paris, au collège de Clermont. Il fut ordonné prêtre à Dieppe le 5 février

Départ pour le Canada:

Captivité:

« Je contemplais ce désastre […] d’un lieu fort advantageux pour me dérober de la vue de l’ennemi, me pouvant cacher dans des haliers et dans des roseaux fort grands et fort épais ; mais cette pensée ne pût jamais entrer dans mon esprit. Pourrais-je bien, disais-je à par moi, abandonner nos Français, et quitter ces bons Néophytes, et ces pauvres Catéchumènes, sans leur donner le secours que l’Eglise de mon Dieu m’a confié. La fuite me semblait horrible, il faut disais-je en mon cœur, que mon corps souffre le feu de la terre, pour délivrer ces pauvres âmes des flammes de l’Enfer, il faut qu’il meure d’une mort passagère, pour leur procurer une vie éternelle, ma conclusion prise sans grandes oppositions de mon esprit, j’appelle l’un des Iroquois qui étaient restés à la garde des prisonniers. ». C’est ainsi que le futur saint fut fait prisonnier.

 
 

Les prisonniers furent amenés captifs à Ossernenon, un village Iroquois situé dans l’actuel État de New York. Arrivés au village, on leur demanda de courir entre deux longues rangées d’Iroquois qui tenaient des bâtons et qui frappaient sans cesse devant eux. Chaque captif devait courir entre les deux rangées sans s’arrêter, au risque d’être battu jusqu’à en mourir. À la suite de cette épreuve, comme il était de coutume chez les Iroquois, on demanda à des femmes de leur couper quelques doigts et à des enfants de jeter sur eux des charbons brûlants. 

Après quelques semaines de captivité, saint René Goupil fut tué à coup de tomahawk pour avoir enseigné le signe de la croix à un enfant iroquois. Saint Isaac Jogues avait, par la grâce de Dieu, réussi à le confesser juste avant son martyr. Le père, quant à lui, demeura prisonnier pendant plusieurs mois. Il réussira à convertir quelques iroquois sur leur lit de mort et à toucher leur coeur par son courage ; surtout lorsqu’il sauta dans l’eau glacial en plein hiver pour aller sauver une Iroquoise enceinte qui était tombée à l’eau, et dont personne n’osait aller aider.

Après un an de captivité, les Hollandais, qui étaient les alliés des Iroquois, aidèrent saint Isaac Jogues à s’échapper et à rentrer en France. Arrivé en France, le père Jogues fut accueilli comme un saint martyr par ses compatriotes. Il fut prié de rester dans son pays natal, mais il répondit qu’il devait aller terminer le sacrifice qui avait été commencé. Il savait qu’il devait mourir martyr puisqu’il avait tant prié pour obtenir cette grâce. Il disait même avoir entendu un jour, alors qu’il priait pour devenir martyr, la voix de Dieu qui lui dit : « Ta prière a été exaucée ».

Avant de retourner au Canada, il dut aller demander au pape Urbain VIII l’autorisation de célébrer la messe, en dépit du fait que ses mains étaient mutilées. Le pape lui dit tout simplement : « Il serait dommage qu’un martyr du Christ ne puisse pas boire le sang du Christ ».

Ce n’est qu’en 1644 qu’il rentra au Canada. De retour dans ce pays qu’il chérissait, il tenta de négocier la paix avec ses anciens bourreaux. Il réussit d’abord à signer un premier traité de paix, mais, peu de temps après, lui et ses confrères furent accusés d’être responsables de la très mauvaise récolte. Pour cela, il fut exécuté avec saint Jean de Lalande, son compagnon. C’est en entrant dans une cabine qu’il fut frappé d’un tomahawk puis décapité : sa tête scalpée fut exposée sur une palissade et son corps jeté dans la rivière Mohawk (l’actuelle Rivière Richelieu).

 

 

 

 Sources:

-ROUSTANG François, S.J., Jesuit missionnaries to North America

-MARTIN Félix, Le RPIsaac Jogues de la Compagnie de Jésus, premier apôtre des Iroquois (Paris, 1873)