La chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours

 
 

Sainte Marguerite Bourgeoys

Sainte Marguerite Bourgoys projette de construire un sanctuaire:

En 1652, lors de son voyage en France, Paul Chomedey de Maisonneuve rendit visite à sa sœur et lui exposa les besoins pour la nouvelle colonie à Montréal. En effet, dans un premier temps, Ville-Marie n’était pas en mesure de subvenir aux besoins de toute une communauté religieuse. Il demanda alors l’envoi d’une institutrice laïque pour instruire les enfants des colons et des Amérindiens. Sa soeur lui recommanda d’aller à Troye pour demander à Sainte Marguerite Bourgeoys, alors âgée de 33 ans. La sainte hésita, puis décida d’aller prier pour demander au Seigneur de l’éclairer sur cette décision. La Vierge Marie lui apparut alors pour lui dire: « Va, je ne t’abandonnerai pas. »

Dans la plus grande pauvreté, elle part pour la Nouvelle-France en , mais ne parviendra que deux mois plus tard sur ses côtes. Il lui faudra encore remonter le fleuve Saint-Laurent jusqu’à Ville-Marie. Elle entre dans la colonie le , avec un grand nombre de nouveaux colons, hommes et femmes.

Pierre Chevrier, baron de Fancamp

Peu après son arrivée à Ville-Marie (Montréal), Sainte Marguerite Bourgeoys conçut l’idée de faire bâtir, en retrait du fort, une chapelle dédiée aux pèlerinages voués à Notre-Dame. Il n’y avait pas, jusqu’alors, de lieu marial à Ville-Marie et les pèlerinages à la croix de la Montagne étaient devenus trop risqués. Claude Pijart, le missionnaire Jésuite qui desservait alors Montréal, accorda sa permission et choisit le nom de la chapelle. Paul Chomedey de Maisonneuve fournit le terrain et Marguerite se chargea d’impliquer l’ensemble de la petite population dans sa construction. Malgré les difficultés et l’interruption des travaux, Sainte Marguerite fit construire un petit appentis de bois sur le site avant de partir pour un voyage en France en 1670. À Paris, le Baron de Fancamp, l’un des premiers membres de la société Notre-Dame de Montréal, lui fit don d’une statuette haute de quinze centimètres représentant la Vierge et l’Enfant-Jésus, sculptée dans un chêne de la forêt de Montaigu, lieu de pèlerinage très fréquenté en Belgique. Déjà ancienne de plus d’un siècle et réputée comme miraculeuse, la statuette fut installée dans l’appentis de bois le 8 juin 1673.

Les travaux de construction de la chapelle recommencèrent le 29 juin 1675. Le lendemain, Monsieur l’abbé Gabriel Souart, sulpicien, bénit une nouvelle pierre angulaire sous laquelle furent placées une plaque de plomb où sont inscrits des renseignements concernant la fondation, et une plaque de métal montrant une image de la Vierge (Ces deux objets sont visibles dans la crypte du Musée Marguerite-Bourgeoys qui illustre l’histoire de la chapelle). La chapelle devint alors un lieu de pèlerinage important pour les habitants de la Nouvelle-France, autant durant les jours heureux que lors des périodes difficiles.

Incendie de la chapelle :

L’année 1754 la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours fut complètement détruite par un incendie. Les gens furent saisis d’un grand désarroi en croyant que la statuette miraculeuse avait été réduite en cendres. Mais quelle ne fut pas la grande surprise, lorsqu’ils découvrirent que, non seulement la statuette, mais aussi le reliquaire qui la recouvrait, en étaient ressortis indemnes. Pour plusieurs raisons, la population attendit quelques années avant de la reconstruire. Après la conquête de la Nouvelle-France de 1760, l’armée britannique souhaita utiliser l’emplacement laissé vacant par les ruines de la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours. La menace de perdre le terrain finit par regrouper les citoyens de Montréal autour d’un projet de reconstruction. La chapelle fut ainsi reconstruite en 1771 sur les fondations originales.  C’est ainsi qu’un prêtre sulpicien, l’abbé Étienne de Montgolfier, déposa la pierre angulaire le 30 juin de la même année.

 
 

Retour des pèlerinages en 1848:

Suite à la conquête de la Nouvelle-France par les Anglais, la foi catholique au Canada connut un grand déclin. Une des raisons principales en est que la plupart des communautés religieuses n’avaient pas le droit de recruter de nouvelles vocations. Cette interdiction durera pendant plusieurs décennies. Étant donnné que la pratique religieuse était en déclin, la chapelle fut de moins en moins fréquentée. Elle connaîtra cependant un renouveau en 1848, suite en un vœu de Monseigneur Ignace Bourget, alors évêque de Montréal.

Le Typhus

En effet, en 1847, les immigrants irlandais, fuyant la famine qui sévissait dans leur pays natal, amenèrent le typhus à Montréal. L’évêque, lui-même affligé par la maladie, promit, dans une prière à la Vierge, que si l’épidémie se résorbait, il s’engageait à raviver les pèlerinages à la chapelle Notre-Dame-de-Bon-Secours, à consacrer à Marie une statue destinée à la chapelle, ainsi qu’une peinture en ex-voto représentant l’intervention de Notre-Dame pour sauver les malades.

Sa prière fut exaucée, et l’année suivante, il tint sa promesse; grâce à lui, la statue de la « Vierge dorée » et le tableau « Le Typhus » de Théophile Hamel, ainsi que plusieurs ex-voto en forme de cœur offerts par des pèlerins.

Au cours des années, d’autres objets sacrés furent ajoutés dans la chapelle. Il y a, par exemple, une statue miraculeuse de la Pietà, qui fut amenée de France. On y retrouve aussi le tombeau de Sainte Marguerite Bourgoys, ainsi que les restes de Jeanne Le Ber, première recluse du Canada. Suspendus au plafond, on peut y voir des navires-votifs, dont un qui fut offert par les zouaves pontificaux qui demandèrent à la Vierge de les protéger durant une tempête en mer.

 

Sources: 

LEBLANC Gilles, Pèlerinages et lieux de prière au Québec, page 92.

Musée Marguerite-Bourgeoys, Sur les pas de Marguerite Bourgeoys à Montréal, pages 18 à 23.