La consécration du Canada à saint Joseph

La dévotion à saint Joseph au Canada remonte à la fondation :

La tradition de la dévotion à saint Joseph au Canada remonte au tout début de la fondation notre pays. « Les Relations des Jésuites nous révèlent à quel point ce culte était populaire en Nouvelle-France. C’est sous son patronage que s’accomplit l’évangélisation des Indiens et c’est le nom que l’on donnait habituellement aux nouveaux convertis. La coutume s’établit rapidement et s’est conservée jusqu’à nos jours de choisir le nom de Joseph comme premier patronyme au baptême. L’étude des mandements des évêques du Québec manifeste aussi que l’encouragement de la dévotion à saint Joseph est une constante de notre histoire » (c.f. Père Henri-Paul Bergeron, c.s.c.).

Arrivée des Récollets:

« Samuel de Champlain s’intéressa à faire passer des missionnaires dans la colonie. En 1615, le récollet Denis Jamet fut nommé Commissaire provincial des missions de la Nouvelle-France. Il quitta Paris, le 15 mars, avec trois confrères, les Pères Joseph Le Caron et Jean Dolbeau, et le Frère Pacifique Duplessis. Ils se rendirent à Honfleur avec Champlain, où ils s’embarquèrent le 24 avril sur le vaisseau Saint-Étienne, pou en descendre à Tadoussac le 25 mai. Le Père Le Caron demanda alors à Champlain de l’accompagner dans son expédition chez les Hurons. Il s’établit dans un petit endroit appelé Carhagouha, la principale des dix-huit bourgades en Huronie. C’est là qu’il célébra le 12 août la première messe en pays huron. Il baptisa lui-même du nom de Saint Joseph la mission de Quieunonascaran, voisine de Carhagouha, à cause de sa dévotion à son patron personnel » (c.f. La dévotion à Saint Joseph en Nouvelle-France,pages 4 et 5)

Consécration du Canada à Saint Joseph:

« En 1617, le Père Jamet fut nommé Gardien du couvent de Saint-Denis en France, tandis que le Père Le Caron hérita de son titre et devint le Commissaire provincial de nos missions. C’est durant cette période que se produisit un événement très important pour la Nouvelle-France. Le Père Le Caron, qui se trouvait alors à Québec, écrivit une lettre d’un intérêt capital à Messire Charles de Ransay de Noues, grand vicaire de Pontoise, protecteur et syndic général des Récollets de la Nouvelle-France. C’est une relation détaillée de tout ce qui se passait au pays. À la fin de sa lettre, il ajouta une notice primordiale pour les dévots de saint Joseph. Ce passage fut reproduit par le récollet Chrétien Le Clerq, en 1691, dans son ouvrage classique intitulé Premier établissement de la Foy dans la Nouvelle-France : « Nous avons depuis ce temps-là fait une grande solennité, où tous les habitants se sont trouvés et plusieurs Sauvages, par un vœu que nous avons fait à saint Joseph, que nous avons choisi pour le Patron du pays et protecteur de cette Église naissante : vous l’êtes Monsieur de notre maison par vos soins, et par vos libéralités. Nous envoyons en France le Père Irénée [Piat], qui vous communiquera nos petits desseins, afin d’établir plus solidement le Royaume de Jésus-Christ dans ce nouveau monde… » (c.f. La dévotion à Saint Joseph en Nouvelle-France, page 5). Les historiens croient que la Saint-Joseph fut par la suite célébrée régulièrement, sauf peut-être pendant l’occupation de Québec par les frères Kirke (1629). 

 
 

Nous savons que la consécration eut lieu en 1624, mais nous ne savons pas le jour exact de cet événement. « Plusieurs ont pensé que cette solennité avait eu lieu le 19 mars, le jour habituel de la fête liturgique de saint Joseph. Et pourtant, il y a un fait important qu’il ne faut pas oublier : le 19 mars 1624, le Père Le Caron se trouvait depuis quelques temps en Huronie avec le Père Nicolas Viel et le Frère Gabriel Sagard. Ces Récollets quittèrent leur mission vers le mois de mai 1624, en compagnie des Hurons qui allaient faire la traite des fourrures dans la vallée du Saint-Laurent. Ils arrivèrent à Québec le 16 juillet » (c.f. La dévotion à Saint Joseph en Nouvelle-France, page 6). La consécration aurait donc eu lieu vraisemblablement entre le 16 juillet et le 15 août 1624.

Ratification de la consécration:

En 1637, le choix de saint Joseph comme patron du pays fut ratifié de manière un peu plus officielle. « Le souverain Pontife Urbain VIII sanctionna cette décision, et accorda l’indulgence plénière pour le jour de la fête patronale […]. Tous les habitants de la Nouvelle-France, après s’être réunis au pied des saints autels pour se vouer de nouveau au saint Époux de la Reiine du ciel, participèrent à la réjouissance publique, bénissant Dieu de leur avoir donné pour protecteur le gardien même de son divin Fils » (c.f. Histoire de l’Église du Canada, page 23-24). Le père Le Jeune écrivit dans les Relations des Jésuites que « Il n’est point d’endroit au monde où la fête de saint Joseph se célèbre avec plus de pompe et de réjouissance qu’au Canada ».

Confirmation du Ciel:

Avant même de venir au Canada, Sainte Marie de l’Incarnation vit saint Joseph, en même temps que  » le grand pays  » qui lui était montré :  » Il était le gardien de ce lieu.  » La Bienheureuse Catherine de Saint-Augustin confie elle-même  » avoir, en différentes circonstances de sa vie, vu saint Joseph et entendu de sa bouche l’affirmation que Dieu l’avait constitué père, gardien et défenseur du pays de Canada « .

Confirmation de Rome:

En 1834, Grégoire XVI approuva définitivement le vœu de 1624 et saint Joseph devint officiellement le premier Patron du Canada. Saint Joseph fut donc honoré comme patron et protecteur de l’Eglise du Canada, avant d’être déclaré patron et protecteur de l’Eglise universelle par le pape Pie IX, le 8 décembre 1870.

 

 

Sources: 

-P. Chrétien LECLERCQ, Premier établissement de la foy, I, p. 287 – Les Ursulines de Québec, I, p. 253.

-Roland GAUTHIER, c.s.c, La dévotion à Saint Joseph en Nouvelle-France.

Histoire de l’Église du Canada, par une religieuse de la Congrégation Notre-Dame, pages 23 et 24

-Les relations des Jésuites