La dévotion à Notre-Dame-de-Foy au Canada
Découverte de la statuette :
L’histoire commence en 1609, dans la ville de Foy, en Belgique, au pied d’un énorme chêne. Cette même année, Gilles, un bûcheron de Wanlin, ainsi que son compagne Innocent Delimoir, en débitant un énorme chêne de 8 pieds de diamètre qu’ils venaient d’abattre y découvrirent une statuette de la Vierge Marie. Faite de terre cuite, elle était entourée de quelques pierres et de cheveux. Gilles et Innocent crièrent au miracle. L’histoire se répandit dans les environs, et très rapidement un culte spontané se développa. À la découverte de cette statue, les miracles se sont multipliés et Foy est devenue un lieu de pèlerinage. Les jésuites commencèrent par la suite à sculpter des répliques de la statuette à même le chêne dans lequel elle avait été trouvée.
On découvrit par la suite que le chêne se trouvait au bord d’un chemin emprunté par les pèlerins se rendant à Saint-Hubert. Quelque deux siècles avant la découverte de 1609, l’un d’eux déposa dans le creux de l’arbre une statuette de la Vierge Marie. Au fil des ans l’écorce de l’arbre se referma sur elle et, le chemin étant de moins en moins fréquenté, l’existence de la statuette fut oubliée.
Un sanctuaire :
La statue fut d’abord replacée dans un autre chêne, mais le baron de Celles, ayant constaté qu’on avait tenté de la voler, la porta dans son oratoire du château de Vêves (baronnie de Celles). Les visiteurs et pèlerins commencèrent à affluer.
Un premier miracle eut lieu en 1616 : suite à l’intercession de la Vierge Marie un vieillard est guéri d’une hernie aussi douloureuse que débilitante. L’évêque de Liège, Ferdinand de Bavière, fit une enquête canonique et déclara que le miracle est authentique.
En 1618 l’affluence de pèlerins — et la publicité donnée au lieu par la visite des archiducs Albert et Isabelle en 1619 — conduisent à la construction d’une chapelle plus grande. Les travaux commencèrent en 1622. Les plans furent élaborés par les frères, Michel et Jaspard Stilmant avec l’aide de Guillaume Goblet. Cependant au 19e siècle, les historiens attribuèrent ce travail à B. Flémalle et à un inconnu Bartholomé.
Dévotion au Canada :
Durant tout le 17e siècle, le sanctuaire a une renommée extraordinaire. Des pèlerins virent de partout. La vénération de Notre-Dame de Foy se répandit hors du pays, propagée en particulier par les missionnaires partis outre-mer. On confectionna des répliques de la statuette miraculeuse qui se répandirent à travers le monde.
Au Canada, dès 1638, les Jésuites fondèrent la mission Notre-Dame-de-Foy, qui deviendra plus tard la ville de Sainte-Foy. Le premier missionnaire qui rapporta des répliques de Notre-Dame-de-Foy dans ce pays fut le jésuite missionnaire Pierre Chaumonot. Il en rapporta une première en 1680, dans le but d’aider à l’évangélisation des Hurons. Elle est aujourd’hui conservée à l’église Notre-Dame-de-Lorette, à Wendake, près de Québec.
La statuette conservée chez les Servantes de Jésus-Marie :
Au Québec, il existe une autre statuette de Notre-Dame-de-Foy et qui est conservée précieusement chez les Servantes de Jésus-Marie sous une cloche de verre. Celle-ci connut un parcours différent, mais tout aussi unique que celle du jésuite Chaumonot. « Celle que nous avons se transmettait depuis déjà longtemps dans la famille de notre fondateur, l’abbé Alexis-Louis Mangin, raconte la Mère servante générale de la congrégation, Sœur Marie-du-Bon-Pasteur. Il l’a reçue de son père avant son départ de la France pour le Canada en 1885. C’est un objet très rare qui a une très grande valeur spirituelle pour nous. »
La datation de la statuette faite par la Ville de Gatineau tourne autour de 1780, mais il se pourrait bien qu’elle soit encore plus ancienne. Selon Sœur Marie-du-Bon-Pasteur, leur statuette est authentique et provient du chêne dans lequel la statue originelle fut trouvée. Dans ses journaux personnels, l’abbé Mangin explique comment elle a pu sauver d’une mort certaine sa famille et plusieurs prêtres catholiques pendant la Révolution française.
« Cette statue de Notre-Dame-de-Foy est miraculeuse et a opéré de nombreux prodiges, a écrit le père Mangin. En 1793, pendant la grande révolution, elle a protégé ma famille et la maison de mon grand-père, alors qu’il ne craignait pas de s’exposer journellement au péril de mort, cachant des prêtres poursuivis et en faisant célébrer la sainte Messe, de nuit, dans sa cave ou dans son grenier ; et cela au milieu d’une ville très agitée par les idées révolutionnaires et sous la surveillance continuelle des délateurs et des soldats de la Révolution. »
Des miracles en Outaouais :
La statuette de Notre-Dame-de-Foy aurait des vertus protectrices contre les incendies, mentionne Sœur Marie-du-Bon-Pasteur, supérieur des Servantes de Jésus-Marie. « Elle nous a aidées à quelques reprises à lutter contre des débuts d’incendies », dit-elle. L’histoire des Servantes de Jésus-Marie raconte que l’abbé Mangin a invoqué Notre-Dame-de-Foy une première fois, au début de la congrégation, pour mettre fin à un incendie qui prenait de l’ampleur rapidement dans le toit du premier petit couvent, à Masson. Un seul seau d’eau lancé par le père Mangin aurait permis de complètement maîtriser l’incendie. Un autre incendie qui avait pris dans la sacristie, au monastère de la rue Laurier, en 1905, aurait aussi été éteint avec un seul seau d’eau.
Sources:
-Mathieu BÉLANGER, Le Droit, Le trésor patrimonial des Servantes de Jésus-Marie.
-www.ledroit.com/ma-region/le-tresor-des-soeurs-a7be600cf564934df1987f3cdd344155