Saint Charles Garnier, martyr
Enfance :
Charles Garnier naquit le 25 mai 1605. « Dès les premières années, sa mère lui inspira une tendre dévotion envers la sainte Vierge. Encore tout petit, l’enfant s’y consacra et aima comme une mère celle qui veilla toujours sur son protégé » (c.f. Histoires canadiennes).
« Charles Garnier comprit, de bonne heure, que le meilleur moyen pour un jeune homme de conserver son innocence, c’est, par l’Eucharistie, l’amour de la Vierge. Ceux qui se mettent sous la protection de Marie sont sûr de n’être jamais abandonnés ».
Étudiant :
Vers l’âge de douze ans, Charles entre au collège de Clermont, à Paris, collège dirigé par les Pères Jésuites. Sa candeur, sa simplicité et sa grande dévotion à la Reine du ciel attirent aussitôt l’attention de ses maîtres et de ses condisciples.
Le nouvel élève, grâce à sa conduite exemplaire, ne tarde pas à être admis à la Congrégation de la Sainte Vierge. « Charles comprit son serment d’honneur ; il le garda jusqu’à la mort, jusqu’au martyre. Sa ferveur et sa conduite ne se sont jamais démenties. Il s’entraîna tout jeune à des actes de courage et de charité qui révélèrent son amour de la Vierge Immaculée et le préparèrent au martyre » (c.f. Histoires canadiennes).
Le père de Charles avait coutume, chaque mois, de donner à ses enfants quelques pièces de monnaie pour leurs petits divertissements. Charles, pensionnaire au collège de Paris, sortait en ville les jours de congé. Mais au lieu de dépenser son argent en friandises, au jeu ou en distractions, il le déposait dans le tronc des prisonniers du Petit Châtelet (dans le but d’aider à nourrir les prisonniers). « Passant un jour sur le Pont Neuf, il aperçut un livre immoral et impie. Il l’acheta et le mit en pièces pour éviter à d’autres une occasion de scandale et de péché. Le souci de l’âme de ses camarades et sa grande pureté le faisaient sortir de sa timidité naturelle » (c.f. Histoires canadiennes).
Charles Garnier termina se rhétorique avec succès, en juin 1634. Peu de temps après, il annonça à ses parents son désir d’entrer chez les Jésuites. Son père, surpris, s’y opposa : « Tu es trop jeune, lui dit-il, ne songe plus à ce projet. » Charles, les larmes aux yeux, alla confier sa peine à la Vierge : « O ma Mère je mets en vous toute ma confiance et je vous abandonne ma vocation » (c.f. Histoires canadiennes).
Religieux :
Avec l’aide de Marie, son courage triompha de tous les obstacles. Le 5 septembre de la même année, il entra au noviciat des Jésuites de Paris. Le père de Charles dira au Père Maître des Novices : « Mon Père, si je n’aimais votre Compagnie par-dessus tout, je ne vous donnerais pas un enfant qui, depuis sa naissance, n’a jamais commis aucune désobéissance et ne m’a jamais causé le moindre déplaisir » (c.f. Histoires Canadiennes).
Ses études terminées, Charles devint professeur au collège d’Eu. C’est là qu’il rencontra le Père de Brébeuf qui lui communiqua son cœur indéracinable pour ses chers sauvages de la Nouvelle-France. Il se fit raconter par Jean de Brébeuf ses aventures missionnaires, ses longues courses en canot, de Québec au pays des Hurons, ses hivers passés dans les bois au milieu des neiges, et ses chasses en compagnie des Hurons. Tous ces récits, le jeune professeur les redisait à ses élèves, avec un enthousiasme qui devait les transporter.
En 1632, Charles Garnier commença ses études théologiques au collège de Clermont. Ce fut durant ces études qu’il fit vœu de défendre partout et toujours, jusqu’à l’effusion de son sang, la doctrine de l’Immaculée Conception de la Vierge-Mère. Ce fut là aussi qu’il demanda d’être envoyé dans les missions de la Nouvelle-France, surtout à la mission que le Père de Brébeuf avait dédiée à l’Immaculée Conception.
Missionnaire au Canada :
« Par une heureuse coïncidence, le Père Charles Garnier fut ordonné prêtre en même temps que le Père Isaac Jogues. Trois mois plus tard, les deux nouveaux prêtres montaient sur le même navire qui les conduisait vers la Nouvelle-France » (c.f. Histoires canadiennes). Devenu missionnaire, Garnier donna le nom de Marie à la première sauvagesse qu’il baptisa. Il en avait fait le vœu avant son départ de France.
Brébeuf et Garnier se retrouvèrent non plus dans les allées du jardin du collège d’Eu, mais dans les forêts huronnes, travaillant à la conquête des âmes, sous le regard de la Vierge Immaculée, à qui Brébeuf avait consacré la mission huronne. La Relation de 1636 rapporte. « Le Père de Brébeuf, pour tirer ses chères résidences d’un mauvais pas, consacra la Mission à l’Immaculée Conception, le 8 décembre 1635. Le danger disparut aussitôt. »
Le 5 août 1637, les chefs hurons se réunirent à Ossossané, sous prétexte de délibérer sur les intérêts de la nation. Le Père de Brébeuf fut invité à prendre part à la réunion. Il s’y rendit. On l’accusa, lui et les autres missionnaires, d’être la cause de l’épidémie. Le Père de Brébeuf prit la défense de ses compagnons et montra l’absurdité des griefs. Les chefs se retirèrent sans rien décider. Les Robes Noires se confièrent à Marie. La grande dévotion de nos missionnaires envers la Vierge Immaculée fut visiblement récompensée.
Martyre :
Charles Garnier continuera d’exercer son ministère auprès des Hurons et des Pétuns jusqu’en décembre 1649, lorsque les Iroquois tenteront d’exterminer les Hurons et les Pétuns. Charles est tué par des Iroquois le 7 décembre 1649 alors que la Huronie est en cours de destruction. Frappé par balles sur la poitrine et l’abdomen, son dernier geste fut d’absoudre un Indien qui mourait auprès de lui, après quoi il reçut un coup de tomahawk sur la tête. Il avait grande dévotion pour la Vierge Marie et son martyre a lieu la veille de la fête de l’Immaculée conception (8 décembre).
Sources:
Frère Ernest-Béatrix, Histoires canadiennes, La Vierge Marie, pages 33 à 40