Une neuvaine à Saint Joseph pour trouver des caribous

 
 

   En mars 1917, l’Orphelinat Saint-Joseph de Fort Résolution au Grand Lac des Esclaves éprouva une grande détresse. La saison de pêche en automne avait été un échec. En hiver, le chasseur était revenu les mains vides. Le caribou n’était pas venu dans la région depuis des années. En outre, c’est la saison au cours de laquelle ils retourneraient dans le nord le plus éloigné, les rives de l’Arctique. Des chasseurs autochtones, revenant de la chasse au caribou à l’est du lac et à 300 miles de Fort Résolution, avaient signalé qu’il n’y avait aucun signe de vie. Et la pêche hivernale sous la glace avait été très infortune. En dix jours, les Frères Kérautret et Meyer n’avaient pris que quatre truites avec sept hameçons en même temps, descendues au fond d’une grande étendue d’eau. Allant examiner ses lignes dans le brouillard à quarante degrés Celsius de givre, Frère Meyer s’enfonça sous la glace à un endroit et fut sauvé des eaux uniquement parce que l’outil à longues manches qu’il portait pour briser la glace ailleurs s’accrochait sur la glace solide, de chaque côté de lui. Après cette litanie de malheurs, la faim a été ressentie à la mission Saint-Joseph. Il y avait 100 enfants autochtones, 10 Sœurs de la Charité et autant d’Oblats de Marie Immaculée. Le Père Duport se rendit au réfectoire des enfants, où ils allaient manger leur petite portion rationnée de poisson grillé. Il leur dit que c’était de leur faute s’il y avait si peu à manger; les Frères et les Sœurs avaient fait de leur mieux. Les pauvres enfants pauvres commencèrent à gémir, comme s’ils étaient accusés d’avoir trop mangé. Mais le Père Supérieur expliqua ce qu’il voulait dire: «Vous n’avez pas prié Saint Joseph avec suffisamment de ferveur.» Ils promirent de commencer immédiatement une neuvaine et de prier de toutes leurs forces. Ayant été interrogée, la Révérende Mère déclara qu’il ne faudrait pas moins de 100 caribous pour continuer à nourrir les élèves seuls. Dans deux jours, la dernière des provisions réservées et rationnées sera épuisée.

La neuvaine commença ici et là. Le père Duport demanda à deux chasseurs autochtones de préparer les traîneaux et de commencer. Ils lui assurèrent qu’il n’y avait pas la moindre chance de trouver quoi que ce soit. Mais il dit: “Allez. Saint Joseph nous doit 100 caribous. Comme ils sont nécessaires, il les enverra. Allez nous les chercher. » Comme ils étaient payés, ils partirent. Après un voyage de deux jours (un court trajet pour le nord), les deux chasseurs furent étonnés de voir un grand nombre de caribous comme ils n’en avaient jamais vus ensemble auparavant s’avancer sur la surface dégagée du lac et venant de l’est, dans une région où, selon la mémoire autochtone, aucun caribou n’était jamais venu auparavant. Les chasseurs habiles se sont vite réveillés de leur surprise, prirent de bonnes positions et commencèrent à tirer, abattant parfois deux animaux d’un coup. Une fois leur tâche terminée, ils comptèrent 103 caribous. Pendant ce temps, les religieuses et les orphelins étaient dans leur chapelle pour la neuvaine (comme il a été rapporté) et  » par des pétitions suppliantes », demandaient à Saint Joseph de leur envoyer les 100 caribous requis par l’établissement. Pas étonnant que le père Duport répète comme Sainte Thérèse que personne ne recourt à Saint Joseph sans avoir été entendu. L’intérêt pour ce saint à l’Orphelinat Saint-Joseph et au Vicariat du Mackenzie s’est manifesté à diverses occasions, autres que celle dont nous avons parlé ».

 
 

Source: 

Mid snow and ice, the apostles of the north-west, by the reverend P. Duchaussois, O.M.I