Sainte Marguerite Bourgeoys
Jeunesse:
Sainte Marguerite Bourgeoys est née en 1620 en Normandie dans une famille fortement catholique. Elle était la sixième d’une famille de douze enfants aux parents dévoués : Abraham Bourgeoys, son père, et Guillemette Garnier, sa mère.
Le , alors qu’elle avait 20 ans, pendant une procession en l’honneur de Notre-Dame du Rosaire, en passant devant l’abbaye Notre-Dame-aux-Nonnains, elle regarde une sculpture de la Sainte Vierge située au-dessus du portail et y reçoit une grâce qui va bouleverser son existence. C’est ainsi qu’elle raconte cette expérience profonde : « On repassa, écrit-elle, devant le portail [de l’abbaye] Notre-Dame où il y a au-dessus de la porte une image de pierre [de la Vierge] et en jetant la vue pour la regarder je la trouvai très belle et en même temps je me trouvai si touchée et si changée que je ne me connaissais plus et retournant à la maison cela paraissait à tous et comme jetes for legère jetes la bienvenue avec les autres filles. » Elle le décrira plus tard comme un « moment de grâce [qui] a entraîné un changement si profond en moi que j’ai eu l’impression de ne plus être la même personne ». Elle sait alors que sa vocation est de promouvoir la gloire de Dieu et de travailler pour les pauvres.
À la suite de cette expérience, elle désira devenir carmélite et chercha aussi à entrer dans d’autres communautés religieuses, qui refusèrent sa candidature. Après ces échecs, son directeur spirituel lui conseille d’imiter la vie missionnaire de la Vierge et lui dit : » Une personne peut toujours être une vraie religieuse sans voile « . Elle devient membre externe des chanoinesses de Saint-Augustin de la congrégation NOtre-Dame qui avaient fondé un couvent à Troyes. Cette congrégation comprenait des religieuses cloîtrées ainsi que des « externes » qui regroupaient des jeunes filles dans le but de les former à la prière et à l’enseignement dans les milieux pauvres et en dehors du couvent.
La directrice de cette association est alors mère Louise de Chomedey de Sainte-Marie qui est la sœur de Paul de Chomedey de Maisonneuve. Ce dernier est parti en Nouvelle-France et y a fondé la ville de Ville-Marie qui deviendra Montréal. En 1652, lors de son voyage en France, Maisonneuve rend visite à sa sœur et lui expose les besoins pour la nouvelle colonie. En effet, dans un premier temps, Ville-Marie n’est pas en mesure de subvenir aux besoins de toute une communauté religieuse. Il demande alors l’envoi d’une institutrice laïque pour instruire les enfants des colons et des Améridiens. À 33 ans, Marguerite Bourgeoys accepte cette tâche après que la Vierge Marie lui soit apparue et lui ait dit : « Va, je ne t’abandonnerai pas. »
Arrivée à Montréal:
À l’invitation de Paul de Maisonneuve, Marguerite part pour le Canada en 1653, alors que Ville-Marie (Montréal) n’est guère plus qu’un petit fort. À son arrivée, elle entreprend de faire réinstaller une croix sur le Mont-Royal pour remplacer celle qui avait été abbatue par les Iroquois. Elle s’y rendit avec un groupe d’hommes qui érigèrent cette seconde croix.
Se faisant appeler « l’âne de la famille », Marguerite se dépense sans compter pour faciliter la vie de tous ceux qu’elle rencontre dans la colonie. Marguerite veut promouvoir un règne spirituel de la Sainte Mère dans le cœur des enfants surtout.
Elle fonde des écoles et recrute des aides, non seulement dans la colonie mais aussi en France, en restant obéissante à l’évêque, Monseigneur de Laval, même s’il ne comprend pas son type particulier d’ordre religieux, qui n’est pas cloîtré et n’accepte que des vœux simples. Ce n’est que deux ans avant sa mort qu’il a finalement donné son approbation canonique à la congrégation qu’elle avait dédiée à la Vierge.
En 1676, Marguerite Bourgeoys, répondant à une demande des Sulpiciens, envoya deux jeunes soeurs pour s’occuper de l’éducation des jeunes Améridiennes dans la mission près de l’actuel chemin de la Côte-des-Neiges. Durant le premier hiver, les soeurs logèrent dans une cabane d’écore réchauffée par un feu central qui enfumait la modeste demeure. Le Sulpicien supérieur de la Mission, Monsieur de Belmont, fit par la suite construire une résidence et une chapelle sous la protection de Notre-Dame-des-Neiges. En 1694, il fit constuire un fort de pierre avec une tour aux quatre angles. Les soeurs de la Congrégation utilisaient la tour ouest comme école et la tour est comme résidence.
La chapelle Notre-Dame de Bon Secours:
L’une des réalisations les plus durables de Marguerite fut la construction d’une chapelle en l’honneur de Notre-Dame de Bon Secours. Il lui faudra 21 ans de prière et de patience pour que la chapelle soit construite et reconnue par l’évêque. La statue vénérée à l’église est une réplique de la célèbre statue de six pouces de Notre-Dame de Montaigu, découverte au XVIe siècle par un berger. Finalement, la chapelle est devenue le lieu de pèlerinage et de ressourcement spirituel que Sainte Marguerite avait envisagé. Lorsque les sœurs de l’Hôtel-Dieu ont perdu tous leurs bâtiments dans un incendie en 1695, elles ont commencé, avec les membres de la Congrégation de Notre-Dame, à faire des pèlerinages à la chapelle, confiant leurs soucis à la Vierge.
L’une des premières femmes à se joindre à Marguerite pour fonder la nouvelle congrégation est Marie Barbier, dont le père avait construit et installé la célèbre croix au sommet du Mont-Royal. Marie est connue comme une mystique.
Marguerite avait l’habitude de dire qu’en communauté, chacun doit passer sans se plaindre d’une tâche à l’autre, selon les besoins. Marie prend cette leçon à cœur. Elle enseigne à l’école comme les autres, mais elle est tout aussi prête, chaque fois que c’est nécessaire, à rassembler les deux vaches pour les faire paître sur le terrain communal.
Lentement, la petite congrégation de Marguerite s’agrandit, et des écoles sont créées tout le long du fleuve Saint-Laurent. Quand vient le temps de rédiger des constitutions, Marie Barbier écrit à l’évêque : »Je vous prie, Excellence, de nous permettre de n’avoir d’autres constitutions que la vie de la Sainte Vierge Marie. »
Aux candidates à sa congrégation, Marguerite dira : » Aimez la simplicité, l’humilité et la pauvreté. Nous prenons la ferme résolution d’abandonner les principes du monde, de vivre dans l’esprit d’un total renoncement à soi-même et à toutes les choses terrestres ; de ne rechercher que la gloire de Dieu ; de nous consacrer entièrement à l’instruction des jeunes filles, à la pratique constante de toutes les bonnes œuvres, sans murmurer contre les peines, les ennuis et les humiliations qui en sont inséparables, mais en apprenant à aimer, à imiter en toutes choses la vie de simplicité et de retraite de la bienheureuse Vierge. »
»Combien nous pouvons gagner par de petits actes quand ils sont accomplis purement pour l’amour de Dieu », écrit-elle. »Il est content, même content de nos actions les plus insignifiantes, pourvu qu’elles soient faites pour son amour… ».
Décès :
Marguerite Bourgeoys est morte le 12 janvier 1700. Un prêtre qui la connaissait bien a écrit : »Si les saints étaient canonisés, comme par le passé, par la voix du peuple et du clergé, on devrait dire demain la messe de sainte Marguerite du Canada. » En fait, elle a été canonisée le 31 octobre 1982 par le pape Jean-Paul II.
Sources:
Père Émile-Marie Brière, Under Mary’s mantle, Our Lady’s love for Canada, Madonna house publications, pages 86 à 89.