Vénérable Marie-Josephte Fitzbach

 
 

Marie-Josephte Fitzbach est née à St-Vallier de Bellechasse, au Québec, en 1806. Son père, Charles Fitzbach, meurt deux ans plus tard ; sa mère se remarie en 1812. En grandissant, Marie-Josephte s’est profondément dévouée à la Vierge. À l’âge de 11 ans, elle fait sa première communion et entre ensuite au service domestique à Québec.

En 1828, Marie-Josephte épouse François-Xavier Roy, avec qui elle aura trois filles, Séraphine, Célina et Clorinde. Cinq ans plus tard, son mari meurt, suivi de Clorinde à l’âge de 14 ans en 1846. En 1849, ses deux autres filles entrent chez les Sœurs de la Charité de Québec.

C’est un avocat, George Manly Muir, membre de la Société de Saint-Vincent de Paul, qui a alerté l’archevêque de Québec des besoins spirituels et matériels pressants des prostituées et autres femmes négligées par la société. L’archevêque Monseigneur Pierre-Flavien Turgeon se met à la recherche d’une femme pour fonder un institut destiné à prendre soin de ces femmes et trouve en Marie-Josephte la personne qu’il lui faut.

Depuis octobre 1849, Mme Roy occupe une chambre comme pensionnaire chez les Sœurs de la Charité de Québec. Un jour, l’abbé Louis Proulx lui demande au nom de l’évêque : « Madame, auriez-vous trop de répugnance à prendre la direction de l’Asile Ste-Madeleine qu’on veut établir pour y rassembler les malheureuses et les convertir ? » Mme Roy, surprise de cette proposition inattendue, répond qu’elle désire réfléchir, consulter et prier. Plus tard, Mme Roy se rend à l’évêché où l’abbé Proulx la présente à l’archevêque. « Monseigneur, dit-elle, je suis votre humble servante, faites de moi ce qu’il vous plaira. Je regarderai votre volonté comme celle de Dieu même. » L’Archevêque de Québec félicite Mme Roy et la bénit, car il fonde sur elle des espoirs qui ne seront pas déçus.De retour à sa chambre, Mme Roy réfléchit à la promesse faite à Mgr Turgeon. Tombant au pied du crucifix, elle s’écrie : « Mon Dieu, est-il possible que vous exigiez de moi un tel sacrifice ! Me voilà condamnée à vivre avec des femmes perdues… Si, du moins, je pouvais espérer faire de ces malheureuses de véritables Marie-Madeleine ! »

 
 

Le 31 décembre 1849, elle prit le nom de Mère Marie du Sacré-Cœur et donna naissance à une nouvelle famille religieuse de religieuses, les appelant les Servantes du Cœur Immaculé de Marie, Refuge des Pécheurs. Son premier refuge pour jeunes femmes est placé sous la protection de Sainte Marie-Madeleine et s’appelle la Maison du Bon Pasteur. Le 7 janvier 1850, deux malheureuses viennent demander un gîte à Mme Roy. Malgré la répugnance et la peur qu’elle éprouve, elle consent à les garder dans sa chambre jusqu’à l’ouverture du refuge. Trois jours plus tard, ses protégées désertent leur bienfaitrice qui offre au ciel cette première épreuve de l’apostolat.

Peu de temps après, Marie-Josephte aura la grâce de recevoir une première compagne pour l’aider dans son oeuvre. Il s’agit de Mademoiselle Mary Keogh. Dans la matinée du 12 janvier 1850, Mme Roy reçoit deux jeunes prostituées dont l’une est aussi distinguée que l’autre est misérable. Désormais, le 12 janvier sera la date commémorative de la fondation et de la mise en opération de l’œuvre. Effrayées par l’air redoutable de la malheureuse qu’elles accueillent, Mme Fitzbach Roy et sa compagne n’osent pas se coucher. Elles se barricadent de leur mieux et prient. « Que ferons-nous, dit sœur Mary, si elle veut nous tuer ? – Nous mourrons sur l’autel de la charité, répond Mme Roy, et Dieu nous recevra dans le paradis. » Dans la pièce voisine, la pénitente prête l’oreille à leurs craintes ne sachant comment les rassurer.

Le 1er mai 1852, une pénitente provoque l’émoi lorsqu’elle déserte l’Asile Ste-Madeleine. Mme Roy et sœur Thivierge, une jeune postulante, partent à sa recherche et la retrouvent cachée dans une maison de débauche. Par une douce persuasion, Mme Roy dégage la fugitive de sous le lit et la ramène au bercail.

Le 24 janvier 1856, des dix sœurs en retraite, sept sont admises à faire des vœux, alors que les trois autres se préparent à recevoir l’habit religieux. Les sept premières membres de la communauté ont prononcé leurs vœux de religion devant un tableau de l’Immaculée Conception, le 2 février de la même année, inaugurant ainsi une coutume qui s’est perpétuée jusqu’à aujourd’hui. Par toutes sortes de manières, Mère Marie du Sacré-Cœur s’est efforcée de placer sa fondation entre les mains de Notre-Dame, sûre qu’elle les conduirait rapidement tous au Cœur de son Fils, Jésus. Dans la communauté fondée par Mère Marie, le troisième dimanche de chaque mois est dédié au Sacré-Cœur de Marie, tandis que le mois de mai est entièrement consacré à Notre-Dame. En outre, chaque couvent possède sa propre Pietà.

En 1860, un couvent de sœurs est établi à Rivière-du-Loup. L’immense chapelle de la maison mère de Québec est construite en 1866 et dédiée à Marie Immaculée. En 1870, la communauté prend en charge une école de réforme pour les adolescents en difficulté et, quatre ans plus tard, elle ouvre une « maison de la miséricorde » pour les mères célibataires. Lorsque la ville de Québec est victime d’un incendie en 1876, la Maison du Bon Pasteur est épargnée. On attribue ce résultat à une image de Notre-Dame de la Pureté qui avait été placée dans l’une des fenêtres.

Mère Marie, qui est décédée le 1er septembre 1885. Le 28 juin 2012, le pape Benoît XVI l’a déclarée vénérable.

 

 

Sources:

Under Mary’s mantel, Our Lady’s love for Canada, par l’abbé Émile-Marie Brière